l’autre voyage

Opéra de Dijon, Auditorium
Dijon, mercredi 6 mars 2024

Schubert

Double mixte, pour cette version de L’Autre Voyage. Ici, la review habituelle de PointBreak est augmentée de quelques textes recueillis auprès d’élèves de 1ère 1G1 du Lycée Montchapet, à Dijon, que Jean-Luc Clairet a accompagné.es avec l’Opéra de Dijon dans leurs premiers pas de critiques lyriques. Lyriques, leurs regards le sont, très aiguisés aussi.

la review PointBreak

les critiques lyceennes

Atmosphère, atmosphère, quelle gueule d’atmosphère. Nébuleux, mystérieux et inconstant, L’Autre voyage impose ses visages changeants, ses troubles oniriques et ses retenues à faire passer une élégie pour un carnaval. Rendez-vous ou acte manqués, Schubert avait planté ses encarts avec le théâtre. Sylvia Costa et Raphaël Pichon ne comblent pas rien de ce manque mais, de cette infinitude non-résolue, tissent leur toile. L’Autre voyage emprunte à 26 extraits de l’œuvre schubertienne, en prolonge les clairs-obscurs, en explore les recoins encore secret. L’intrigue est montée à l’os. Un homme fait face à sa propre mort, à ses pertes, à sa vacuité. Le fils parti trop tôt, le spectre de l’éternel féminin lui rendent visite, le troublent puis le guident dans le même mouvement.

Bien entendu, la lune d’argent veille, et les étoiles s’allument d’or et de pleurs consolateurs. Bien entendu, la boîte du décor ouvre et découvre les espaces, figure ce qu’il faut de morgue, de bazar funéraire ou de plage laconique. Mais, plus que cela encore, il y a la lumière de Marco Giusti. C’est la véritable source de consolation de ce singspiel, dans ses changements imperceptibles, ses teintes complexes et évidentes. Jamais envahissantes, jamais lénifiantes, jamais superflue. Elles caresse les corps en pleurs, réconforte les âmes en peine qui traversent les espaces. Écho parfait et magnifique aux voix magnifique et parfaites de retenue de Stéphane Degout, Siobhan Stagg et Chadi Lazreq. C’est toujours fascinant d’entendre un esprit, un Geist teutonique, chanter en scène, attirer l’esprit de ceux qui écoutent, en détourner le regard pour leur mettre l’oreille sur ce qui blesse. Ici, cet hymne à la perte, à la douleur de continuer à vivre sans, de pleurer avec, à la goût intime du sang mais la gueule cassée de la consolation possible.


texte : guillaume malvoisin
photos © DR S. Brion

Turandot © Mirco Magliocca
Turandot © Mirco Magliocca
Turandot © Mirco Magliocca

les critiques lyceennes


Romeo

Extrait : ” Dès l’instant où le rideau se lève, la musique envahit la salle, sous la direction de Raphaël Pichon. Il nous apparaît un fil rouge représentant une vie, qui comme on le découvrira plus tard est celle du médecin
légiste incarné par Stéphane Degout. On distingue la silhouette d’une Parque, assise dans la pénombre, tissant ce fil qu’elle finit par couper. Le fil disparaît peu à peu tandis la scène suivante se met en place. On découvre un corps inerte dans un bosquet. Puis l’obscurité de la nuit
laisse place à la lumière éblouissante d’une chambre d’autopsie dans laquelle le légiste se retrouve face à son propre corps et commence à l’autopsier. L’auto-autopsie se poursuit tout au long de l’opéra durant lequel on comprend que cette autopsie est sentimentale (…) “

cliquez pour lire la critique integrale


valentine

Extrait : ” Un voyage, mais comment l’atteindre ?
Ce montage de compositions d’opéras non achevés nous permet tel Le Voyageur contemplant une mer de nuages de Caspar David Friedrich de fixer la mort dans les yeux à travers la voix des vivants, la musique.
L’Autre Voyage construit à partir du travail oublié de Franz Schubert permet de donner une voix à des opéras qui n’ont jamais eu le temps d’exister. Ce lied symbole du romantisme allemand devient un spectacle total sous nos yeux par sa fusion de poésie et de musique, ce qui crée un lyrisme unique au sein de cette oeuvre.
De plus, la mise en scène de Silvia Costa n’est pas en reste, elle n’a pas seulement joué avec la lumière du plateau mais avec celle des regards des spectateurs.
Elle a su transformer l’espace de chaque scène en une réminiscence, en une ‘Madeleine de Proust’. D’autant plus que les chanteurs n’ont pas fait qu’intégrer cette histoire voilée par la mort ; ils lui ont donné vie. Souvenirs, écrans, espoir, lumière, peur, feu… Cette mise en scène eu autant de questions que de réponses à nous apporter. (…) “

cliquez pour lire la critique integrale


Zaia

Extrait : ” Silvia Costa a créé de nombreux tableaux magnifiques que nous pouvons apprécier lors de
« pauses ». Ces images sont très significatives de la scène jouée. Le décor évolue tout au long de l’opéra, pour finalement changer complètement. Nous commençons dans un cadre sombre et neutre, qui se transforme en une salle d’autopsie pour passer dans une chambre (celle de
l’Homme), puis dans un salon, afin de finir par retrouver cette image neutre avec la Femme et l’Homme. L’inventivité de la mise en scène est remarquable et apporte une vraie contenance au spectacle. (…) “

cliquez pour lire la critique integrale


Adele

Extrait : ” (…) cet opéra, fruit de multiples recherches et archives, réunit certaines de ces idées en une seule oeuvre. Celle-ci aborde les sujets de la vie, la mort, le deuil et explore de cette façon de sinistres questions à travers le passage d’un homme en dehors du monde des vivants. L’histoire en elle-même n’est pas des moindres: il s’agit d’un médecin légiste qui, en pleine autopsie, réalise que son propre corps inerte repose sur la table. Le spectateur plonge alors avec lui dans un périple à la redécouverte de lui-même, au plus profond de son âme. Celui-ci doit parcourir ses souvenirs en quête de paix et d’acceptation après la mort de son fils, avant de partir à son tour, l’esprit apaisé. Les sous-titres affichent, au début de la représentation, un avant goût du spectacle en une phrase poignante : « seule la mémoire peut sauver celui parti trop tôt » (…) “

cliquez pour lire la critique integrale


myrtille

Extrait : ” Le spectateur est touché par ces émotions, grâce aux douces voix mélodieuses, à l’accompagnement de l’orchestre ainsi que le jeu des personnages sur scène, qui est très expressif. Les décors quant-à-eux subissent des changements fréquents, devant l’œil des spectateurs, ce qui rend l’opéra davantage vivant. De plus, ces décors sont simples, ce qui nous permet de mieux nous concentrer sur le jeu de rôle.
Les enfants prennent une place importante dans cet opéra. On remarque que le fils joue l’un des rôles principaux. Il apporte douceur et sérénité dans le spectacle avec sa voix fluette et sa chanson au piano. Tant de talent pour un si jeune âge ! (…) “

cliquez pour lire la critique integrale

D’autres chroniques de live
pourraient également vous intéresser.
C’est par ici.

Share This