Line-up
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Stein Urheim : compositions, guitares acoustiques et électriques modifiées, ronroco, tamboura, électronique, field recordings, générateur de tonalité sinusoïdale en intonation juste, percussions
Ikue Mori : électronique
Sam Gendel : saxophone, électronique
Hans Kjorstad : violon
Siv Øyunn Kjenstad : batterie, voix
On avait reçu ce disque, de bonne heure, on l’a écouté et réécouté tardivement. Flemme véritable ou faux hasard, on a bien fait. Speilstillevariasjoner est le disque qui nous éclaircit les jours mornes de cette fin d’hiver. Rien d’étonnant, c’est un disque de Stein Urheim, pilier majeur et impassible de l’écurie Hubro. Dixième livraison du guitariste pour le label norvégien, Speilstillevariasjoner est de ces disques qui agissent sous leur propre surface. Simplicité d’apparat versus organicité insaisissable et passionnante dans les profondeurs de chaque morceau. Le line-up du disque, dont Ikue Mori, ex-chercheuse en DNA et actuelle électronicienne grande classe, n’est pas la moindre des vertus, fait pour beaucoup à la tonalité d’ensemble. Cherchez le pédigree de chacun·e et vous aurez quelques indices du pourquoi ce disque est une merveille atmosphérique. Chez PointBreak, il nous touche encore ailleurs. Au-delà de la découverte intriguée d’un leader de projet jouant du générateur de tonalité sinusoïdale en intonation juste, Stein Urheim vient nourrir quelques unes de nos obsessions. On ne sait pas vraiment d’où nous est venu cette habitude à chercher fantômes et cowboys sous la pochette de pas mal de disques reçus, mais là encore, ce réflexe s’est enclenché durablement. Dans la maîtrise de chaque drone, chaque glissement microtonal imperceptible. Si l’art de Stein Urheim est patent, il n’est en rien démonstratif. Et cette jolie folie qui le pousse à combiner art et instrumentarium populaires à la science exigeante de la composition contemporaine, n’empêche en rien ni jamais son pouvoir de narration. D’où les westerns, sans exagérés, sans clichés, ouverts sur des espaces musicaux incroyablement vastes et mystérieux. D’où les fantômes sortis de je ne sais quel dégel prématuré. Pas convaincu·es ? Traduisez Speilstillevariasjoner. Vous verrez que ces jeux de reflets et miroitements vous amèneront chez Debussy ou chez Melville traçant le premier chapitre de Moby Dick.
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guillaume malvoisin
+ d’infos sur Hubro Records
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