fignolage, memoires
et internationale bruitiste

Météo, Mulhouse Music festival, samedi 26 août 2023.

Kim Myhr sympathetic magic

Dernier jour de festival, parachèvement malin. USA et l’histoire de son avant-garde en solo, 3 femmes racisées remettant l’avenir sur leurs platines en passant par un raout européen de l’expé ébouriffée. Pas meilleur résumé de 40 ans d’activisme sonore.

Kim Myhr Sympathetic Magic

Damon Locks solo

« True Love leave no traces », chantait Leonard Cohen. Pas faux mais pas super juste non plus sur ce coup-là, le Canadien errant. Ouverture de fin de festival et on s’aperçoit en deux-deux que l’amour pour l’audace et les luttes des combattants des Droits Civiques Africain-américains en aura laissé pas mal, des traces. Martin Luther King et son I Have A Dream fête ses 60 ans, le terrible attenta à Birmingham, Alabama, aussi. ces jours-ci, Jacksonville en réactive salement la mémoire. Pas de trace de cela, pourtant mais d’autres traces dans le solo travaillé par Damon Locks. Vieux pots, recette de bonne soupe, etc etc si vous voulez. Là, on est plutôt dans le collage, la juxtaposition et, in fine, la consolation. Tracks sur beats. Soulfull. De quoi faire, comme tout bon punk qui se respecte, cf. origines culturelles de Mista Locks, jaillir du sens dans les tympans de ceux qui s’énervent en face. Les sons frappent l’imaginaire et l’espace, et laissent poindre des mélanges une imagerie nouvelle, des récits personnelles. Locks rocks, un genou dans la culture street et les ondes radio, l’autre dans la pensée du son en action. Entre le Incident at 66.6 FM de Public Enemy et le break de Living For The City qui frappe Stevie Wonder, entre autres, de 50 ans de respect, cette année. Son monument sonore, constamment renouvelé, baptisé des eaux oldschool, grâce aux SP 404 doublés d’un Kaoss pad, vient vous chercher sur l’instant présent dans l’affectif de votre parcours. Dans votre sensibilité liée à l’évocation. Ça ne renverse pas de murs mais ça empêchera sans doute d’aucuns de finir convaincus qu’il faudrait en construire de nouveaux.

Courtois Fincker Erdmann
Kim Myhr Sympathetic Magic

The Hatch

The Hatch. Le couperet tombe. C’est bien. On décrivait , l’an passé, MOPCUT comme un genre de scandales qui vous met à genoux, avec le sourire. Julien Desprez y arbitrait les débats au pied d’un furieux mur de son. Ici, en duo avec Mette Rasmussen, aussi incisive qu’une canine sur un steak de caribou, le mur de son s’aère et s’ouvre. Toujours aussi rapide, mais sans doute encore plus précis, Desprez propulse et surfe sur les saillies saxées salées de Rasmussen. Tout en verve, le duo avance avec ce qu’on lui connait de vocabulaire. Ensemble, il fusionnent une sauce bouillonnante. The Hatch frappe dur. Et dans les espaces que chacun s’octroie comme autant de micro-respirations avant de repartir à l’assaut prolongé, se permet même d’entrer tout un Big Band bruiteur et tapageur, venu fêter les 40 ans du festival. Un bon exemple de l’avant garde européenne du noise parmi lesquels rugissent Joel Grip ou encore Jean-Philippe Gross. On l’annonçait comme une surprise, on désire ce big Band comme concert d’ouverture de la future 41ème édition.

Kim Myhr Sympathetic Magic
Kim Myhr Sympathetic Magic

Maria Chavez / Mariam Rezaei / Victoria Shen

3 DJ pour (presque) finir. 3 platinistas, production, perturbation. Maria Chavez, Mariam Rezaei et Victoria Shen ont le bruit véloce, le geste rapide et le concept en bandoulière. Leurs solos respectifs ont mis les oreilles et les cervelets dans le haut du mercure. Ensemble, ils allument les yeux et les font briller d’éclats balancés sas équivoque. C’est très sonore, très fort, à bâbord comme à tribord. Chacun remet en jeu son savoir-faire sur l’établi commun. Communauté du noise activiste, pour décadrer les tympans, décentrer toute conviction sur les conventions de l’international des DJs. Quitte à remettre en cause toute science du bruit dans un grand chahut punk, pirate et, pourtant, pesé, autant le faire avec une classe folle d’un trio qui s’assume sans question. Sans envie patente. Si ce n’est celle d’imposer l’instant et la sensation comme seules valeurs réglementaires.

Kim Myhr Sympathetic Magic
Kim Myhr Sympathetic Magic
Kim Myhr Sympathetic Magic


Guillaume Malvoisin
photos © Alicia Gardès
aliciagardes.com / instagram

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