7 manieres supplementaires

D’après l’article 50 façon de faire de la pop avec des accords de jazz issu du N°4 de la version papier de PointBreak

La pop ? Ça résonne bien aux oreilles des nouvelles générations. Ses plus grands fans, la gen z, bien qu’on puisse aussi parler de la génération alpha (le traumatisme de leur arrivée est encore trop récent pour pouvoir en parler librement), ne mesurent pas pleinement l’influence du jazz sur leurs sons préférés (ou les plus trendy sur TikTok). J’ai alors été missionnée de créer une playlist inspirée de l’article 50 façon de faire de la pop avec des accords de jazz issu du la 4e version papier de PointBreak. Parce que oui, j’ai beau pointé du doigt, mais je n’avais pas moi-même regardé plus loin que le bout de mon nez, ou plutôt jeté un œil dans mes propres playlists. Et à regarder par deux fois, le jazz y est omniprésent, par petites touches, dans ma playlist préférée pour les longues balades à vélo, l’été, au coucher du soleil.

On commence directement avec l’évidence même à mes yeux de la symbiose entre jazz et pop, j’ai nommé Playground Love du groupe Air. Une mélodie onirique, un rythme enivrant qui nous embarque tout droit dans un univers planant. Petit pincement au cœur tout de même quand on repense au film Virgin Suicides de Sofia Coppola. On a plus qu’à fermer les yeux et s’immerger dans cette ambiance aux sonorités hypnotiques, envoûtantes, suaves… Bref, la liste est longue. Allez, on se laisse embarquer par les langoureux solo de saxophone pour un voyage sans retour sur la planète de l’amour.

Pour continuer sur cette belle lancée, je ne pouvais me retenir de parler de David Bowie, le seul et l’unique, avec sa chanson Sue (or in Season of Crime) parut seulement deux ans avant sa mort, de justesse donc. On le sait, l’une de ses marques de fabrique a été de se réinventer constamment. Bowie, véritable starman, après avoir conquis la planète mars, pose pied sur la planète du jazz en faisant intervenir l’orchestre de Maria Schneider. Toujours surprise mais jamais déçue, il quitte ses airs de rockstar déchainée et adopte un timbre plus mélancolique sur un air de mélodrame. Il nous embarque à ses côtés à la découverte d’un nouvel univers, c’est plaisant, c’est tentant.

On continue ce voyage ensemble, aux côtés d’autres titres incontournables, nécessaires au bien-être de vos playlists. En passant, on s’arrête devant la discographie de Lana Del Rey, on cherche, on pioche et on repart avec The Other Woman. C’est un classique déjà repris par Nina Simone ou Jeff Buckley, mais on peut affirmer sans nul doute que c’est maintenant la « Gangster Nancy Sinatra » comme elle aime se qualifier, qui en détient le monopole. Elle y ajoute sa touche personnelle et nous concocte une pièce aux saveurs rétro et à l’esthétique glamour. On a juste envie de plonger tête la première dans son univers ; on se retrouve à déverser nos larmes à bord d’une décapotable sur une route de Californie, lunette de soleil, foulard au vent.

Le périple continue, on quitte la route perdue en Californie mais pas le registre des musiques larmoyantes. On appuie sur « suivant » de notre playlist Spotify, et les premières notes de Pleurer des Rivières de Viktor Lazlo, sonnent comme du miel dans nos oreilles. On n’en savait rien, mais on avait tous besoin de cette adaptation française de Cry me a River, bien plus accessible quand on n’est pas bilingue. Le choix de la facilité ? Hmm non… Cette version est une pépite. On assiste presque à un jeu de question réponse entre la voix suave de Lazlo et le saxo. Conseil : on met le son à fond, on se glisse dans la peau d’une femme désespérée et on chante de toutes nos forces.

Mais évitons de se casser la voix avant d’avoir parlé de My Kind of Woman de Mac deMarco. C’est LA chanson à écouter en regardant les étoiles après une soirée plage. Entre la mélodie rêveuse, l’atmosphère vintage apportée par la guitare et les paroles d’une sincérité touchante, on attend tous et toutes la personne qui nous la chantera droit dans les yeux. My Kind of Woman est une invitation au rêve, à la douceur et à la mélancolie.

Obligé de se lever et de taper du pied en se déhanchant. Tears Dry on Their Own d’Amy Winehouse. Inspiré de la chanson Ain’t no Moutain High Enough, on a même plus besoin de présenter ce chef d’œuvre. Une voix puissante, une ambiance de cabaret jazz qui sauront ensoleiller nos journées les plus moroses. Et puis quelle meilleure façon de faire le deuil d’une relation, thème de la chanson, que sur un rythme entrainant ?

Le meilleur pour la fin, non, c’est par pur hasard que cette playlist s’achève avec Big Black Void de TV girl. Là encore le décalage entre les chœurs, le rythme dansant du piano et le thème du suicide traduisent le cynisme habituel du groupe et nous oblige à esquisser, tout de même, un petit sourire en coin. L’expression « il vaut mieux en rire qu’en pleurer » prend alors tout son sens. Cette chanson à la fois spirituelle et sombre prend des airs de gospel, et on se retrouve assis sur les bancs d’une église, à frapper dans nos mains et chanter, si on enlève bien sûr les allusions au sexe et à la drogue… Même si les débauchés ne sont peut-être pas ceux assis sur les bancs.


Mathilde Barot

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