D’jazz Nevers Festival, #1

Christophe Girard 6tet + Noces Translucides,
Nevers, mercredi 9 novembre 2022.

par | 16 Nov 2022 | concerts

D'Jazz Nevers

Christophe Girard Sextet

Dans la cosmogonique de Christophe Girard, le son grimpe. Space, Time and Mirror, un triptyque spatial. Doublé, six musiciens, à la poursuite d’un jazz de chambre façon poupées russes. C’est un peu le lancement d’Apollo, c’est grandiose et bien imbriqué. Ça sonne comme la BO d’un film de SF quand Claude Tchamitchian et Girard, tableau 2, donne le change à Anthony Caillet. Rejoints par Elodie Pasquier, ça monte, oui. Le son ne retombe pas. La surprise viendra de l’Ouest, capsule Amaryllis Billet au violon. Une comptine folklorique dans l’esprit d’un Ayler, sur Dijon et Nevers. Moins sage et plus aventureuse, traçant le sillon d’un satellite en roue libre qui met en exergue la dimension libertaire de l’espace, nerverofuturisme. À l’opposé du spectre, Anthony Caillet ramène l’attraction terrestre, filiation des arrangements d’un Atom Heart Mother, magnifique rondeur et chaleur qui enveloppent la fusée. Elodie Pasquier déjoue les lois de Newton, fait le pont entre le folklore et le savant, affronte les titans de l’Univers de l’Est de François Merville. Atterrissage et décollage. Le son ne retombe pas.


Lucas Le texier

D'Jazz Nevers
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François Corneloup / Noces Translucides

Très vite, très fluide. Déboule la musique. Surgie du cadre d’une image de Le Querrec, par la petite rue de traverse qui s’échappe sur le haut droit de la photo. Photo-pretexte-point-de-départ et finalement point de fuite aux Noces translucides, mises en danse par François Corneloup. De la danse intérieure, loin de toute illustration, proche de tout commentaire. De la danse intime rendue visible à l’œil nu par la complicité évidente du line-up. Il y a souvent cette magie de communauté ré-assemblée chez Corneloup, sans doute même avant la magie de la musique créée. Où se côtoient le contrepoint et la contrebande, le plinn et le spleen. La joie, donc, la joie de danser sur les défaites. C’est ce qui est joué d’ailleurs, dans les détachements de chaque note aux Rhodes ou sous l’archet violonné. C’est la résistance, la résistance même à ces défaites.
Du même sax, on garde au cœur ses Jardins Ouvriers, disque free-furieux de 1998. On n’est pas loin ici. Même sens de la jachère, de l’humilité basse et de la pensée haute. Dans les collisions douces et kaléidoscopiques comme dans les attaques frontales. Les mélodies sont prises pour la même raison qui nous fait prendre un véhicule : pour aller à des rendez-vous. Avec le mot, le rendez-vous, dans la chambre noire des cœurs battants. Avec la voix d’Anne Alvaro, avec la verve vive de Jean Rochard. Avec l’œil de Le Querrec, aussi, œil fraternel qui veille sur ce live des Noces, qui est posé sur le premier plan de sa photo, sur les rides d’une veille âme de Bretagne, figée dans un demi-sourire face au bonheur du couple qui la suit. Fluide et rapide.


Guillaume Malvoisin


photos © Maxim François / site web/ instagram
+ d’infos sur D’Jazz Nevers ici

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