En haut du mât de Cocanha

Tribu festival, Dijon, mercredi 30 septembre 2020.

Caroline Dufau de Cocanha au Tribu festival

À peine l’impression d’entendre une tradition hors-sol, assis face au concert de Cocanha. Aussi étrange de voir ces chants de lutte et de danse en festival que d’écouter Giavanna Marini égosiller des chants de rizières italiennes. Mais Cocanha a le tour de main pour vous pousser l’oreille en dehors de l’effet vitrine, dans les limites de son pays de cocagne. Ça occitanes à merveille, ça percute, ça legato, ça syndicalise les ornements, ça tend les notes pour les ramener du côté de la veille nécessaire. Sous les atours de danse, sous la modernité du son apporté par les perçus électrifiées, il y a deux filles qui restent aux aguets. De la mémoire, de la féminité. La formule redymanise l’imaginaire commun, convoque des tubes ancestraux de la tradition et du sacré comme les questions/réponses. Ici parfaitement laïques, goulûment vivaces. Milieu de set, Lila Fraysse et Caroline Dufau entament ce chant qui trucar à la porte. Truca la porte, toquer à la porte de l’habitude de tout trouver un peu joli, à la porte de la paresse qui nous pousse à lisser un peu plus chaque émotion. Il faut prendre le temps de se glisser dans le son des nasales des paroles revisitées, des bourrées et des rondo, dans les clappings et les frappes sèches sur les cordes confinées à l’horizontale. Pistes d’envol pour les trilles qui viennent vous chercher dans le gras de l’épaule, au-delà de la barrière de la langue. Ça parle de construire des maisons, ça parle d’utopie, de bouchées offertes à ceux qui ont faim et de bâtonnées à ceux cherchent noise au filles. Francés ou Occitan, vous voilà affranchis.


Guillaume Malvoisin
photo © Edouard Roussel / Tribu Festival
visuel affiche © Magali Baracco

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Illustration pour le Tribu Festival de 2020

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