LEYLA McCALLA, Breaking The Thermometer
sortie le 6 mai 2022 chez ANTI-
ENGLISH
Bitter-Sweet paradox. Behind the serene flow of Leyla McCalla’s voice, ‘Breaking The Thermometer’ rummages in the swamps of racial and social long-timed struggles. Haiti is the hunting ground for this album. Trad songs and trailers establish its structure, the cello/banjo doublet sets the familiar. Since the magnificent ‘Vari-Colored Songs’ reissued last year, Leyla McCalla has been deepening her perso-ethno research: “The more I researched this project, the more I found myself examining my own relationship to Haiti. I spent a lot of time thinking about my visits to Haiti as a child, reflecting deeply on the times in my life when I felt very Haitian and the times when I didn’t.” A long dive into the archives and the trajectory of Radio Haiti, then back into the open air with these 13 songs, perfectly intranquil, genially compelling. ‘Dodinin’ is clearly humble, ‘Bal est Fini’ is raging and ‘Memory Song’ inevitably melancholic. But what makes the price of this McCalla’s record is the juxtaposition between a superb naivety and the fascinating complexity of Kreyol syncretism. This music stands at the crossroads of musical arrangements at the service of the subject and a unifying subject left floating at human height. Invigorating and reassuring. Fiercey paradox.
Magnifique paradoxe. Derrière la sérénité de façade de la voix de Leyla McCalla, Breaking The Thermometer grenouille dans les marigots de lutte raciale et sociale. C’est Haïti qui est le terrain de chasse de cet album-brûlot. Chants trad et bandes-annonces assoient sa structure, la doublette cello/banjo pose le familier. Depuis le magnifique Vari-Colored Songs réédité l’an passé, Leyla McCalla approfondit ses recherches perso-ethno : « Plus je faisais des recherches sur ce projet, plus je me retrouvais à examiner ma propre relation à Haïti. J’ai passé beaucoup de temps à me remémorer mes visites en Haïti quand j’étais enfant, à réfléchir profondément aux moments de ma vie où je me sentais très haïtienne et aux moments où je ne l’étais pas ». Plongée au long cours dans les archives et la trajectoire de Radio Haïti, puis retour à l’air libre avec ces 13 chansons, parfaitement intranquilles, génialement convaincantes. Dodinin est clairement humble, Bal est Fini rageur et Memory Song forcément mélancolique. Mais ce qui fait le prix des disques de McCalla c’est la jonction être une naïveté superbe et la complexité fascinante du syncrétisme kréyol. Ce disque se pose à la croisée d’arrangements musicaux au service du propos et d’un propos fédérateur laissé flottant à hauteur humaine. Vivifiant et rassérénant. Paradoxe magnifique.