Adele, survivor

photo © Mélanie Bonvard

Dans l’héritage du jazz, il y a deux types de types. Et c’est encore plus vrai quand ces types sont des femmes. Certaines se perdent dans l’immensité du répertoire. Submergées par les styles, elles naissent, existent, s’effacent puis finissent par disparaître. D’autres survivent pourtant. Adele est de celles-ci. Avec des couleurs pop, jazz et blues, elle fait partie de la résistance. Sa simplicité fait sa force. « Soul de coeur brisé », c’est comme ça que madame chante ses peines. Relation toxique à l’industrie musicale, interpréter et composer deviennent son exutoire. Sa voix profonde et chaude brouille les frontières culturelles et générationnelles depuis 19, son premier passeport.

Adele naît à la fin des années 80 en Angleterre, c’est l’ère de la New Wave et de l’indie rock. The Cure, notamment, l’une des nombreuses influences de la chanteuse. Avec d’autres plus oldschol comme Etta James ou Peggy Lee. Il y a un peu de tout cela dans son premier disque.  Il est titré, on l’a dit, 19 (2008), c’est une référence à son âge, ça sera la marque de fabrique des disques à venir. Le style est déjà posé, le succès explose. La presse britannique, la déclare « la nouvelle Amy Winehouse ». Pas des moindres comme surnom. Mais chez elle, la dope, elle est uniquement dans le répertoire. C’est son fioul pour débarquer aux États-Unis sous le coude de Columbia Records et XL Recording. Elle score, acclamée pour son renouveau, en marge des groupes voulant sonner comme The Libertines. 21 (2011) puis 25 (2015), Adele prend de l’âge mais ne devient certainement pas surannée. Même si le titre Rolling in the deep (2010) a de quoi évoquer « l’âge d’or perdu » des voix soul. La modernité est aux textes, sombres et sincères, au mélange renouvelé du blues, gospel et disco. Avec en bonus, une voix de velours et un charisme de leader du monde. La masterclass Hello (2015) voit le jour. Balade sans défaut et lyrisme interstellaire.

Côté bio, Adele Laurie Blue Adkins naît en 1988 dans le quartier Tottenham à Londres. Son père la nomme Blue. Le blues à l’anglaise est ancré dans ses gênes. Normal. Fusion des inspirations béguin de fan pour les Spice Girls, la diva nait des mélanges. Combo parfait, ça plaît, elle cartonne. Mais, victime du showbiz, son physique est controversé par quelques imbéciles et sa présence sur la scène musicale plusieurs fois mise en break. Pas une excuse pour quitter le sommet des charts. Mystère et audace, rien n’est fait par hasard. Ce sera sa marque de fabrique. En 2012, sort le single Skyfall pour un certain Bond, James Bond. Succès à la 007. Nouvelle pause puis elle a 30 ans en 2021. Logique, grand retour avec 30. Introspection mais sonorités universelles. Loin des projecteurs, Adele s’inspire des épreuves et de sa vie de femme puis de mère, surtout. Adele prône l’authenticité et la vulnérabilité. Pas de fioriture, juste une grande voix. La sélection de ses meilleurs morceaux en preuve juste au-dessus.


Camille Muller

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