Line-up
—
François Tusques — piano, direction
Jean-Louis le Vallegant — bombarde
Gaby kerdoncuff — bombarde
Philippe Lestrat — bombarde, biniou koi
Tanguy Ledoré — basse électrique
Ramadolf — trombone
Michel Marre — trompette, sax alto
Samuel Ateba — congas, bongos
Carlos Andreou — chant
Jo Maka — sax soprano
Kilikus — darbouka
Distro d’ar c’haser. Retour à l’envoyeur. On sait ce que la bombarde et le biniou doivent aux commerces mondiaux, Maghreb et épices pour l’une, terres celtiques et conquêtes pour l’autre. Pas surprenant, finalement de les retrouver en compagnie d’un autre commerce, moins violent, moins colon celui-là, celui de la liberté en musique. Nantais d’origine, François Tusques greffe avec ce disque la tradition sur la libération, l’itération sur l’obsession. Son Intercommunal Free Dance Music Orchestra, né dans le souffre du Free frenchy en 1971, se prend un coup de Bretagne et ne bouge pas d’un iota. Trois sonneurs et la clique habituelle dont Jo Marka et Carlos Andreu, Armor oblige, rebaptisé ici Andreou, parfait dans le chant du Cheval. Ce disque initie les amours d’un jazz très libre et d’une tradition jamais en reste pour rester vivante. On n’est pas loin d’Albert Ayler éclairant Silent Night de stridences suraiguës, on est pas loin de Chris McGregor se revivifiant en Afrique du Sud. Les timbres se frottent à merveille, la joie éclate à chaque mesure. Toute la science, élitaire pour tous, communautaire et généreuse de Tusques passent par les 7 plages du disque, swing et impro libre confondus. On est quatre ans après la marée noire offerte crasseusement par le Torey Canyon aux côtes bretonnes, on est deux ans avant la tragédie gluante de l’Amoco Cadiz. Cette musique, vivante bien entendu, est surtout une musique de lutte, rapportant ces greffes musicales plus naturelles qu’amusantes, à leur essence, le combat et la chronique populaires.
—
guillaume malvoisin
+ d’info sur Souffle Continu Records
—