C’est ainsi. C’est ainsi. C’est ainsi. C’est ainsi. C’est ainsi. Les répétitifs américains irriguent, à plus ou moins grandes eaux, la scène impro française, rajeunie il y a quelques années maintenant. Citons, dans le bonheur du giron des oreilles chez PointBreak : O.U.R.S. de Clément Janinet, l’Orchestre Incandescent de Sylvain Hélary, L’Arbre Rouge d’Hugues Mayot. Et ce dernier né de l’Archétypal Syndicate. Bien entendu, cette influence commune est disparate, et à bien y écouter, native et constitutive. C’est une belle chose, quand elle est mêlée à d’autres sources, comme l’Afrique ou la pysché rock. À considérer que les deux ne se superposeraient pas un peu. Ici, dans Happy Transmutation, elles se chevauchent carrément et cavalcadent avec une science impressionnante des mélanges à plaisirs. Le trio est loin du minimum syndical. On sait la verve de Paul Wacrenier quand il s’agit de repousser toute définition de frontière et de limite, d’invoquer la puissance consolatrice de la musique, avec son grand ensemble Healing Orchestra, entres autres. Dans ce disque-monticule, assemblé avec Sven Clerx et Karsten Hopchapfel, cette verve est au service de la musique, dans son pouvoir fédérateur. Joyeuses, les transmutions des 13 pistes. L’imaginaire commun y vagabonde à loisir. Westerns dégingandés, Pretty Moon Garden, avec Tatiana Paris, road-movie ferroviaire, Witch’s Pot où remuent Richard Comte et Sarah Colomb, duel nocturne et organique, Meet Johnny Night Fox, avec Sarah Colomb, Richard Comte et Julien Pontvianne. Archetypal Syndicate a la tablée accueillante. Janinet y dîne sur deux autres titres, mais le trio a surtout la loupe lucide. Sous les grooves et polyrythmies captivantes, il y a aussi une économie d’énergie et un artisanat de veille impressionnant. Agissant dans les recoins d’une densité instrumentale et mélodique impressionnante, dans les clairs et les obscurs de ses récits. Chaque pause méditative ou assaut hypnotique s’échappe aussitôt reconnu·e. Bis repetita, pur plaisir. Et c’est justement là, la réussite. Ce disque nous est familier parce qu’il nous échappe.
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guillaume malvoisin
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