Salle comble. Et sensation d’être devant un bout d’histoire du jazz frenchy. Hélène Labarrière sans garde-fous, contrebassiste de l’époque post-libertaire toujours un peu punk, woke avant l’heure. Ce Puzzle est un club des cinq : quintet de cinq pièces assemblées, projet-mère de cinq icônes femmes des luttes, chimère d’un arrangement à dix mains par cinq compagnons de route de la musicienne. Imaginaire doublement repu, de la grande et de la petite Histoire. Au son, ça sonne comme les cinq doigts d’une même main. De velours sans gant de fer, Labarrière mène son quintet avec son récit des femmes. Nous, on sourit en reconnaissant (ou, du moins, en essayant) les écritures. François Corneloup qui a dépeint la maison des Babayagas de Thérèse Clerc dans les joyeuseries sautillante et festive. Marc Ducret qui a laissé son empreinte sur l’insistante guitare de Stéphane Bartelt sur À Travers la Vie pour Louise Michel. Sur scène, écoute religieuse du solo de Simon Goubert, tom par tom à la Max Roach. Labarrière se balade sur ses cordes, agile comme une guitariste classique. Le trio rythmique ronronne, rodé. Catherine Delaunay et Robin Fincker croisent leurs lignes, des nappes sensibles de Vivre sa vie pour Emma Goldman au fracas blues et gospel sur Free Angela (Davis). La musique de cette collection Panini reste celle de cette génération. La liberté du son, de texture et d’ambiances. Avec un avantage, celui d’un puzzle qui s’assemble toujours différemment.
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Lucas Le Texier
photo © Bernard Ortega (Media Music)
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