NCY Milky Band, badbadtrrrrrèsbien

Lovée dans la touffeur du Grand Est, une écurie cisèle des prods aussi finement qu’à Saint-Claude on taille des pipes. BMM Records sort aujourd’hui, 4 mai 2021, Burn’IN le dernier disque d’un quartet loin d’être malhabile. Le NCY Milky Band à la candeur du lait et l’efficacité d’un Caterpillar. Réu de chantier avec Louis Treffel, le boss du groupe et du label.

par | 3 Mai 2021 | interviews

NCY Milky Band

Les rooftops de L.A ? Has been. © Louis Perruchaud et Corenthin Ohlman

Un rapport entre le Milky Band et les Milky Way ?

No wayyy.

Le Grand Est, c’est le new West-Coast ?

Le big Est is the place to be.

Burn’IN est moins frontalement jazz que tes albums précédents, non ?

Jazz or not jazz ? Il faut voir avec Mr. Gilabert au + 33 6 34 36 36 36.

Certains magazines vous placent sur le podium de la nouvelle scène jazz française, vous, vous entretenez quels rapports avec les jazzmen et women de votre génération ?

On les connait pas vraiment mais on les écoute, on garde l’oreille tendue tel des lynx.

Ce serait quoi, selon vous, cette nouvelle scène jazz ?

Des musiciens décomplexés avec la tradition mais qui ne la négligent pas.

Ça reviendrait pas un peu tous les 3 ans, cette histoire de nouvelle scène jazz ?

Il y a des modes qui se lancent, des courants qui reviennent. Les médias nous rattachent à cette nouvelle scène et ça nous fait de la pub, donc ça nous va ! En vérité, on fait la musique qui nous parle, on se pose pas la question de faire partie ou non de la nouvelle scène jazz. Après, développer toute une scène autour de la musique instrumental groove/jazz/funk/soul/électronique, c’est un peu ce que l’on essaye de réaliser avec BMM Records.

Les même magazines font de vous des cousins d’anglais comme les Sons Of Kemet ou Kokoroko. En écoutant vraiment votre musique, on vous poserait davantage dans la cour du Yesterdays New Quintet de Madlib ou BADBADNOTGOOD. Des repères pour vous ?

Madlib, carrément ! C’est un mec qui donne de l’inspiration par sa culture. Quand on écoute ses mixtapes, ça te donne 1.000 idées. BBNG totalement aussi. Ils ont cette culture, ils savent jouer et produire. On aime ! Il y aussi Sam Wilkes et Gendel qui font bien rêver. Écoutez ce morceau.

Le lien se fait sur quoi ? la façon de créer ou la manière de situer dans et hors du jazz ?

Certains de nos morceaux sortent de manière très spontanée via des jams, et d’autres sont beaucoup plus réfléchis. On se laisse des plages d’improvisation et de liberté. Cela nous amène à des morceaux inattendus comme Magic Polo où rien n’était défini.

Madlib a même passé une tête sur des disques comme Our Gurus ou dans un de tes projets perso comme Le Serveur ?

Yep sur Our Gurus, on a repris du Madlib, qui a lui même samplé un quartet de NY, qui ont eux même copié…

— Magic Polo (2021)

Madlib – The Medicine Show 8 (2020)

Pas mal de références geek dans vos prods. Tu gères, toi, à Mario Kart ?

Paul le batteur joue à Mario Kart, Quentin est plutôt Age Of Empires… Antoine joue à Kerbal Space Program ! Perso, je fais un peu de bilboquet.

Vous vous rapprochez de certaines fortes têtes françaises comme le Capsul Collectif ou les Toulousains d’Edredon Sensible. Vous vous appelez parfois ?

Je ne connais pas encore ces hommes, mais je vais aller écouter !

Louis, tu viens aussi de l’électro. Tu le ferais comment, le lien avec le jazz ?

J’ai beaucoup appris avec Samy et Adrien de M.A BEAT ! C’est un groupe où on a toujours essayé de mélanger pleins d’influences. Quand on partait en tournée, Samy passait de l’electronica, Adri mettait du jazz et moi je conduisais.

Comment il s’est réuni le crew du NCY Milky Band ?

Avec des petites compos. On s’entend plutôt bien, et c’est toujours agréable de se voir.

« DIY, je n’aime pas trop ce terme, car ça donne l’image d’un son au rabais. On prend le temps de faire le son qui nous plait et j’adore le côté artisanal de la production. »

Revenons à Burn’IN. C’était quoi la couleur de départ ?

Au début, je voulais faire un album de chanson en solo mais c’est vraiment pas fun de faire de la musique seul. Avec les trois autres musiciens du groupe, on s’est rencontrés via une jam en studio. Ensuite, je leur ai fait écouter des maquettes et ils ont bien accroché. Ils y ont tous amené leur touche. La force de ce groupe, c’est que tous les membres ont une oreille critique sur ce qu’ils font. On arrive facilement à être d’accord, à avancer sur un morceau sereinement.

Si je te dis que cet album est classe, frais et super drôle, tu t’y retrouves ?

Oui, ça fait plaisir. On bosse de manière sérieuse, mais on cherche à se surprendre, à s’amuser. L’étape la plus dure, c’est la finalisation du morceau, trouver sa couleur finale. Je me pose 1.000 questions et ça peut un peu prendre la tête.

Drôle mais sans être jamais court sur pattes ou court en bouche. Il y a un vrai soin des progressions, comment vous bossez ça entre vous ?

On se parle, j’essaye de prendre en compte l’avis de chacun. Je prends aussi l’avis de mes proches, musiciens ou non. Ces retours sont précieux.

Et c’est bourré de petits détails qui accrochent l’oreille ou le sourire.

« C’est dans le détail qu’on a du styleeeee » disait Miles Davis.

À tout cela s’ajoute, comme sur Love Alert, un gros boulot sensible sur les climats. Comment vous assurez la cohérence d’un disque où cohabitent tous ces éléments ?

On a enregistré une douzaine des morceaux à 4. On a dû en jeter un ou deux. Ensuite, il y a toute une phase où j’ai bossé seul pour chercher la couleur générale. Après, on est allés mixer les morceaux avec Romain Clisson à Paris. Et tout ce processus mène à un disque relativement cohérent 🙂

Burn'IN, couverture de l'album

— Burn’IN , sortie le 4 mai 2021 sur BMM Records.

En 5 disques, comment tu décrirais l’évolution du son du 4tet pour arriver à celui ce Burn’IN ?

Ce n’était pas les mêmes membres sur les premiers EP. Le 4tet actuel s’est retrouvé sur Our Gurus. C’était notre échauffement ! On a répété et le son s’est construit naturellement.

Vos mélodies et gimmick semblent avoir été réduits au minimum nécessaire pour créer des ambiances et venir nous chercher par les hanches comme sur Gotham.

Ce morceau s’est construit très rapidement. Paul a lancé ce groove, j’avais une idée de grille, Quentin a trouvé son thème, Antoine a solidifié l’ensemble et c’était plié !

Louis, tu es aussi un des boss du label BMM Records, est-ce que le NCY évolue avec les projets que tu signes ?

On signe des projets qui nous plaisent donc, forcément, ils m’inspirent. Un projet comme The Natural Yogurt Band me fait rêver !

C’est quoi d’ailleurs le son BMM Records ?

Une hybridation entre tradition et modernité.

Récemment vous signez Zerolex, pas le plus manchot, encore moins le plus idiot des DJ, comment vous vous rencontrez ?

Il nous a contacté via FB, on va bientôt se voir en vrai. Il a l’air calé en vin. Suivez sa page @vinolex !

Il y a donc ce lien au DIY, comme dans le clip de Politricks, dans le projet La Récré ou encore dans les perfs des Fat Badgers. Ça vient d’où ?

Il y a une volonté de faire quelque chose de personnel, et de le faire avec nos moyens. Pour Politricks, c’est mon ami Corentin Ohlmann qui a réalisé le clip. Il a aussi filmé toutes les session Our Gurus, un enfant prodige ! Je sais que Emile de La Récré aime bien aussi bidouiller et sait faire pas mal de choses ! Les Fat Badgers sont aussi multi-casquettes ! Alors pourquoi aller voir ailleurs ?! Let’s doooo ittt !!!


propos recueillis par Guillaume Malvoisin, avril 2021

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