KOLM

Chronique live. Rencontre à Chalon s/ Saône, décembre 2019
L’Arrosoir, jazz club.

par | 11 Déc 2019 | concerts, CRJ

Kolm : Loïc Vergnaux, Vincent Duchosal et Adrien Desse

KOLM un garçon, j’ai les cheveux long, KOLM un garçon, je porte un blouson. Ok, on est donc au-delà des codes. Hors de l’Académie. On est dans le genre mixé, dans le flou des limites. KOLM ? C’est un trio ayant tété du conservatoire, des recherches en contrepoint et de quelques arcanes du Free from US mêlées à l’avant-garde jazz frenchie. KOLM c’est bien au-delà de la digestion d’un apprentissage et, déjà, au pied de l’édification d’un répertoire perso. Thèse en cours de validation par le premier album à sortir à la mi-2020, enregistré à la Frat’ de St-Claude et finassé en résidence à l’Arrosoir de Chalon. Lieu même du set concerné ici. Set tout de suite moins pédago qu’à la médiathèque Deubel de Belfort, en novembre dernier. Tout de suite plus rentre-dedans. KOLM s’ébroue dans un son parfait et peut laisser parler son système musical.

Adrien Desse de Kolm à la batterie
trio Kolm

Jeux de clefs, pads et pédales effets, l’instrumentation est augmentée. Forcément, nous sommes en 2019, dear. Dear, 2019, oui et KOLM est un trio horizontal, assume debout son leadership flottant. Sans doute même le revendique un peu. 2019, oui, enfin pas seulement. C’est très osé, ce grand écart, un pied posé sur la circonvolution messianesque (Les Pieds dans le phare) et  l’autre sur le jazz rock de 1975. C’est plutôt marrant, la tranquillité avec laquelle la figure est exécutée. Bon, après, à considérer que KOLM est quand même l’anagramme 2.0 de OKLM. Rien de surprenant. Alors faire de Messiaen, un homme sous influence, la belle affaire. Le trio a, des oiseaux, la patience et la précision dans son instrumentarium. Clarinette en table basse, guitare électrique carrément penchée sur la pente Ducret, batterie soumise à la finesse de la touche. Les pistes ouvertes par Loïc Vergnaux, avec la jonction noise des clefs de la clar’ basse et des pédales d’effets, sont assez fascinantes. Adrien Desse, de son côté, connaît l’art des balais à-la-Kenny Clarke comme la frappe jungle sur tom basse, la cogne rusée comme la batterie étendue. Voir le moment parfaitement suspendu de La Danse des Flocons. Moment où Vincent Duchosal pose les bases de ses  discours à six cordes, volubile sans être jamais bavard. Certaines fois plus énervés que d’autres mais toujours versés dans le commentaire. Avec le goût d’un vieil ashkénaze dans sa Yeshiva. Humilité de lettrés, patience d’artisans, souplesse de lutteur bulgare, humour d’exégètes en sortie de boîte, le trio aurait des qualités à revendre. S’il y avait un marché pour. Heureusement, la bourse a gardé ses distances et KOLM peut s’autolancer des O.P.A. sur son propre univers, en expansion. Avec un médaillon, un gros ceinturon, KOLM un garçon.


Guillaume Malvoisin
photos © Médéric Roquesalane

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