jour 4 & 5

Tribu festival, La Vapeur,
vendredi 29 septembre 2023.

par | 2 Oct 2023 | concerts, Tribu festival

Tribu festival fulu muziki

Tribu, jours 4 et 5. Grand Théâtre et La Vapeur, tectonique des plaques. L’Ukraine tremble sur les planches de l’Opéra, on punk-punk-tchèque à la Vapeur et l’Afrique reste l’Afrique. C’est chic et magnifique.

28 sept. Grand Theatre

DakhaBrakha

« We defend our freedom ». Les voix semblent provenir des racines de la terre. Fond de scène, sur l’écran, quelques montagnes, des milliers d’oiseaux. Le soleil se couche, rouge sang. Percussion tribale, polyphonies presque mathématiques, crissement de l’âme qui résonne. Les cordes des voix ukrainiennes sont de tristes glaives et celles du violoncelle de Nina Garenetska sonnent comme hantées. La ferveur du quatuor respire un air dévasté et l’écran brûle de douleur, en rythme. Quelque chose s’évanouit. Et ressurgit. C’est une loop hip-hop organique, animant d’espoir les visages projetés des soldats, c’est un blues joué par Marko Halanevych en mode dandy, c’est du miel pour les claquements de paumes. Drapeaux brandis, reconnus par tous, l’accordéon vrombit. Ils changeront les bombardiers en colombes. « Spring will come ».

— Blaise Gallois

28 sept. Grand Theatre

Uz Jsme Doma

Tchèques, les King Crimson ? SKA-P ? Non plus. Mais alors qui sont ces diables d’Uz Jsme Doma ? Parce qu’ils ont beau avoir l’air gentils, dans leurs combis jaunes, ils tapent fort. Au Tribu, ce soir, c’est pogo au premier rang, dans le hall de La Vapeur. Dans leurs uniformes sortis tout droit du Nid de Coucous, les quatre punks chauffent et mitraillent comme à leur vingtaine un puissant mélange de rock prog millimétré et de ska des balkans. Pas loin de The Residents, mais en plus fanfare. Coincées entre les décibels, les mélodies entêtantes vrillent, les rythmes sont découpés raides et un solo de trompette nous ramène Summer 68 des Pink Floyd, sir Miroslav Wanek tape, lui, au piano. Revival inattendu et précieux. « L’oreille apprend à l’autre à écouter », vous en faites pas les gars on vous a entendus !

— Blaise Gallois

Agoro

L’agora d’Agoro ? 5 rappeurs, 4 musiciens dans un full club. Pas besoin de moins pour l’impression d’être à la maison. Groupe à l’aise, en scène, comme dans ton salon. Flow à la dégaine pepouze, freestyle très free et le NCY Milky Band en backing version deluxe. Jazz, groove, hip-hop. Genres et instrus interchangeables. Le combo jazz-garage de Nancy s’amuse pas mal avec ces nouvelles voies. Vas-y que ça discute, que ça vient rapper dans le public. Distribution de sauce tomate maison et d’épices from Ghana. Bonne recette, chez les marchands d’Agoro. Joyeux kickeurs, passe-passe de rappeurs, ça gronde, ça temporise, ça dédicace à tout va. Kwame MulZz rappe tellement vite qu’on croirait qu’il scratche, Cotchei et Lobo EL ont les allers-retours intenses. Nancy et Kumasi, même indicatif.

— Florentine Colliat

Guillaume Malvoisin

fulu muziki kollectiv

Pas besoin de machine. Pour voir le futur, c’est au club qu’il fallait être. Les cocos du Fulu Miziki Kolektiv débarquent en scène comme des extraterrestres en avance sur leur temps. Masques métallisés vissés sur la tête, torses ornés de bijoux scintillants ou de gilets sophistiqués. Les 6 congolais ont la récup’ très classe, le recyclage avec une gueule terrible. Le groupe éco-friendly-afro-futuristic-punk tape dur, tape vite. Impossible de rester en place. Chants en chœur et séance d’envoutement sûr. Les pieds, la tête et très vite le corps tout entier. Danse instinctive pour concert subversif. Leur secret ? Pas secret, très visibles et réjouissants, leurs instrus homemade. Cigarbox revisitée, basse bricolée, batterie bidon et claquette rouge sur PVC gris. Ok, on va tous crever du réchauffement climatique dans le futur, mais avec les refrains Fulu Miziki Kolektiv en tête.

— Florentine Colliat


photo © Edouard Barra / Tribu festival

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