Jozef Dumoulin,
This Body, This Life

sortie le 26 mai 2023 sur Carton Records

par | 25 Mai 2023 | disques

This Body, This Life JozefDumoulin

This Body, This Life. Corps à corps avec le second disque solo de Jozef Dumoulin. Camouflage avec sa pochette. Adopter le corps d’un minuscule insecte, lâché dès la naissance sur une planète à la sonorité des possibles, pour se laisser porter dans la musique à venir. 26 mai, jour de sortie, on est comme une bête toute rouge et toute frêle. Le clavier belge avait privilégié son Fender Rhodes pour son premier album solitaire. Là, on est impatiente, face aux pianos, synthés, guitares et extraits de voix. Avoir l’ouïe comme unique arme. Commence Ear of The Ear, tunnel par lequel l’artiste vous fait pénétrer au tympan des notes énigmatiques, goutte après goutte. Contemporain. Jazz. Electro. Des pigments arythmiques se faufilent ensuite sur la peau écarlate du petit être que l’on est, sans se soucier des dissonances qu’ils pourraient y laisser. Ça pique sévère. Avec une pointe de John Cage, Terry Riley ou Karlheinz Stockhausen en écho. Courte parenthèse de stabilité rythmique avec Social Disdance, presque hip-hop, puis le répertoire replonge dans ses émotions ambivalentes. Une voix d’enfant pas si enfant dans Altijd Koko Ziek ou un docteur piano jazz un peu Hyde, dans Lonely Tree on Rocks. Morceau après morceau, l’épiderme à l’écoute se parsème de mini-reliefs sombres. Mais sous ses couches de discordances qui collent à la peau, This Body, This Life raconte aussi que la fréquentation des touches noires peut être belle. La Vie en Rhodes en sait quelque chose. Ça joue la marge granuleuse. Tout comme ces coccinelles, dont un crayon juvénile suffit à interroger le sens et le désordre sur la pochette du disque. Sous celle-ci, Dumoulin se fait égrugeoir pour réduire nos drôles de corps de bestioles en poudre rouge et noire précieuse à l’écoute de ses morceaux.


Selma Namata

Carton Records : Bandcamp

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