Fini la Tamise, direction le Gange. Les poètes anglais étaient à l’honneur dans l’originel The Source, projet de création jazz, rock et pop par le contrebassiste Arnault Cuisinier. Là, D’Jazz Kabaret est allé puiser dans le deuxième du nom, avec ce grand écart entre la contrée qui fut l’Inde des débuts et l’autre qui lui succéda. Le son de l’Amérique d’un côté, les vers de Rabindranath Tagore de l’autre. Au milieu, l’Europe, la France pays de littérature et Cuisinier qui aime jouer autant avec la langue qu’avec la musique. Comme le poète a le bon mot, le contrebassiste a la walk juste derrière la voix profonde d’Elise Caron. Une basse, qui enlace le temps musical pour mieux aider le poète à se lancer. En français et en anglais, les poésies naissent de cet équilibre du chant et de cette basse légère. Les coloristes sont aux extrémités, Edward Perraud joue de la batterie comme Jackson Pollock peignait, scénographe du mouvement, adepte des mille nuances. Paul Jarret est un cartographe guitariste sous effets, esquissant cette autre route de la soie. Sans exubérance, le quartet est au diapason du pied marin et poétique. Pas de crue solitaire ni de leader, la source est collective. On fend les flots à quatre, ou à rien.