Line-up
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Bob Brault : basse
Gérard Pisani : textes, cuivres
Alain Pewzner : guitare
Sylvain Pauchard : orgue
Gérard Blanc : guitare, chant
René Guérin : batterie
Il paraît que la musique adoucit les mœurs. Avec Martin Circus, elle fout surtout un joyeux bordel. Cette compilation de Born Bad Records retrace seize ans d’un groupe qui a tout tenté, parfois trop, mais jamais mollement. Martin Circus, c’est un peu l’élève dissipé du rock français. Incapable de rester en place, toujours à sauter d’un genre à l’autre, mais avec une longueur d’avance et un costume pailleté de plus que les autres. Dès 1969, ils imposent leur truc : une pop musique en français, à distance des yéyés et du rock garage en vigueur. Tout tremblant de fièvre envoie du rock progressif lyrique. Orgue envoûtant, guitare habitée. Tout juste rentré d’une éclate au Sénégal, Gérard Blanc n’a pas encore démarré Une Autre Histoire, et c’est tant mieux. Bob Brault et Gérard Pisani, les cerveaux du début, imposent leur patte : textes barrés, influences free-jazz, un peu de Zappa, un peu de Desnos. Les Indiens du dernier matin (1971) pousse cette veine psychédélique. Mais Martin Circus n’est pas du genre à s’éterniser. En quelques années, virage, c’est Disco Circus (1978), d’abord conçu pour la B.O. des Bidasses en vadrouille, puis balancé dans les clubs new-yorkais après avoir été remixé. Riffs funky versus batterie métronomique. Résultat : un tube underground, samplé plus tard par EPMD ou Massive Attack. À l’époque, eux, ils voulaient juste faire danser la France. Pas mal. Le reste de la compile aligne les mues successives du groupe : Façon de parler (1972) et sa mini-comédie musicale grandiloquente, À bas tous les privilèges (1973) et son pamphlet punk avant l’heure, Mon premier Hold-up (1975) et sa pop frontale, Bains Douches (1980) et ses allures new wave glacées et tranchantes. Pourquoi tu m’lâches pas (1985), sophistiqué, va poser, lui, quelque part entre Matt Bianco et Sade. Bien sûr, tout ceci n’est pas d’une finesse absolue. Dans Martin Circus, il y a circus. Ça crie, ça chahute, ça s’emballe. Toujours trop, jamais tiède. À joindre l’audace à une certaine science du kitsch, ce groupe a toujours navigué là où personne ne les envisageait. Tragédie ou réussite ? Seule une écoute ou deux de cette compilation devrait pouvoir trancher.
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Selma Namata
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