Martin Circus

les disques de la semaine du 17.02

martin
circus

evolutions
francaises
(1969-1985)

7 février 2025
compilé par Born Bad Records

par | 20 Fév 2025 | disques

Line-up 

Bob Brault : basse
Gérard Pisani : textes, cuivres
Alain Pewzner : guitare
Sylvain Pauchard : orgue
Gérard Blanc : guitare, chant
René Guérin : batterie

​Il paraît que la musique adoucit les mœurs. Avec Martin Circus, elle fout surtout un joyeux bordel. Cette compilation de Born Bad Records retrace seize ans dun groupe qui a tout tenté, parfois trop, mais jamais mollement. Martin Circus, cest un peu l’élève dissipé du rock français. Incapable de rester en place, toujours à sauter dun genre à lautre, mais avec une longueur davance et un costume pailleté de plus que les autres. Dès 1969, ils imposent leur truc : une pop musique en français, à distance des yéyés et du rock garage en vigueur. Tout tremblant de fièvre envoie du rock progressif lyrique. Orgue envoûtant, guitare habitée. Tout juste rentré d’une éclate au Sénégal, Gérard Blanc n’a pas encore démarré Une Autre Histoire, et c’est tant mieux. Bob Brault et Gérard Pisani, les cerveaux du début, imposent leur patte : textes barrés, influences free-jazz, un peu de Zappa, un peu de Desnos. Les Indiens du dernier matin (1971) pousse cette veine psychédélique. Mais Martin Circus nest pas du genre à s’éterniser. En quelques années, virage, c’est Disco Circus (1978), dabord conçu pour la B.O. des Bidasses en vadrouille, puis balancé dans les clubs new-yorkais après avoir été remixé. Riffs funky versus batterie métronomique. Résultat : un tube underground, samplé plus tard par EPMD ou Massive Attack. À l’époque, eux, ils voulaient juste faire danser la France. Pas mal. Le reste de la compile aligne les mues successives du groupe : Façon de parler (1972) et sa mini-comédie musicale grandiloquente, À bas tous les privilèges (1973) et son pamphlet punk avant lheure, Mon premier Hold-up (1975) et sa pop frontale, Bains Douches (1980) et ses allures new wave glacées et tranchantes. Pourquoi tu mlâches pas (1985), sophistiqué, va poser, lui, quelque part entre Matt Bianco et Sade. Bien sûr, tout ceci nest pas dune finesse absolue. Dans Martin Circus, il y a circus. Ça crie, ça chahute, ça semballe. Toujours trop, jamais tiède. À joindre laudace à une certaine science du kitsch, ce groupe a toujours navigué là où personne ne les envisageait. Tragédie ou réussite ? Seule une écoute ou deux de cette compilation devrait pouvoir trancher.


Selma Namata
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