Lilas Trio
Stéphane Morilla, Fender Rhodes ⋅ Annabelle Rogelet, violoncelle
Jorge Costagliola, batterie, percussions
Interview. Rencontre à Belfort, janvier 2020
La Poudrière. Jazz Session #3
Lilas, d’habitude, c’est pas plutôt le bleu, la couleur du jazz ?
Stéphane Morilla : Sans doute, mais comme on ne s’est jamais dit qu’on faisait strictement du jazz…
D’où vient alors la couleur de votre nom ?
SM : Ça vient des plaisirs premiers de l’enfance. Quand j’ai voulu créer cette formation, je me souvenu de cette cabane dans les lilas, du plaisir à y être. Je recherche la même chose dans la musique maintenant.
Grâce à vous, on peut relire l’adjectif “ouaté”. Vous utiliseriez le même adjectif pour définir la musique du Lilas trio ?
Jorge Costagliola : Il y a une expression que Stéphane a utilisée dans un de ses papiers, et que j’ai faite mienne, c’est le partage d’un univers intime. Souvent quand on pense à l’intimité, on la conçoit comme intérieure mais là, on la partage.
Stéphane, tu parles même d’une musique d’expérience. Avec ce partage et ces émotions extériorisées, la musique de Lilas devient une musique fleur bleue ?
SM : La fleur, oui… Après, si tu pousses le truc du lilas, tu peux aussi penser au quartier, à la prison, au parfum pour toilettes ou à plein de choses encore. Je suis plutôt parti de la proposition, faite à chacun, musicien et public, de retrouver une chose essentielle.
— photos © Florian Jannot-Caeilleté / CRJ (2020)
— photos © Florian Jannot-Caeilleté / CRJ (2020)
Comment on gère ce strict nécessaire en répétitions ? Ça parle, ça joue sur des affinités ou des codes communs ?
JC : Ça dépend des morceaux, certains sont très construits, d’autres sont basés sur des anciens. À partir de là, on recherche, très librement, autour de la mélodie qu’apporte Stéphane. Pour la partie rythmique, je compose un tableau sur cette mélodie. Les nouvelles compositions, qui ne sont pas encore dans l’album, seront encore plus libres. Maintenant, on sait ce dont Stéphane peut avoir envie, lui sait ce qu’il peut nous demander.
Comment faites-vous la part des choses entre la compo et l’impro, entre l’impro et les apports du classique dans votre musique ?
SM : Le challenge est de ne surtout pas faire la part des choses. De suivre, d’accueillir ce qui arrive. Ce que j’écris reste ouvert aux propositions sans décider où on irait chercher les éléments de notre musique : classique, jazz ou ailleurs. Ça me passionne pas plus que ça d’étiqueter ce qu’on fait.
Sur ton site web, tu parles de conventions pesantes.
SM : En musique, oui mais la convention est partout, non ? On ne peut pas prétendre que notre musique est super originale, peut-être, mais elle est au moins personnelle.
Demain, on sera le 1er février et vous serez au Crescent à Mâcon pour la sortie de votre premier disque. L’aboutissement de certaines de vos recherches ou, déjà, le début de nouvelles ?
JC : En sortant de studio, il y a toujours une phase difficile à vivre entre la maquette enregistrée et le mixage qui n’a pas encore été fait. Il manque encore la pochette, le mastering. Il se passe plusieurs mois sans pouvoir entendre notre musique. On est donc un peu frustré mais quand on est sur scène, on n’a surtout pas envie d’entendre quelque chose de figé sur disque. Ça va à l’encontre du principe de concert. Pour sortir de cet état un peu étrange, Stéphane a eu la bonne idée d’apporter deux nouvelles compositions qui ne sont pas dans l’album. C’est très plaisant, ça relance le plaisir de jouer et de se retrouver. Et d’oublier un peu le disque en cours.
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propos recueillis par Guillaume Malvoisin à Belfort, le 31 janvier 2020, lors de la Jazz Session #3.
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