Gus Englehorn
Sabotage, Péniche Cancale, Dijon
mercredi 26 octobre 2022.
Enlevé et cathartique, ce set Sabotage d’où sort l’accrocheur Exorcise your demons. En guise de démons, un tandem de musiciens/tourtereaux sur scène, un tandem qui n’est pas la moindre raison du carton de ce live. Énergie sombre ou joie excentrique ? C’est surtout de l’amour électrique que ces deux-là envoient. Après avoir composé son 2ème album dans un chalet au milieu des bois, le québecois Gus Englehorn est de retour à la civilisation indie rock, accompagné de sa petite amie Estée Prada. De ce coup de foudre naissent éclats de guitares encrassées et de batteries rentre-dedans, dont les rythmes vont lorgner du côté des nineties. Effet instantané, dès le premier morceau le pied tape dur sur le plancher de la péniche. Lui gratte frénétiquement sa Danelectro, parfaite pour ce son garage proche des Pixies. Ses chants tâtent du parlé-chanté, pas loin du parlé-rappé, posés au creux d’un ensemble de mélodies qui va chercher du côté de Syd Barett. La voix nasillarde vient narguer les oreilles et les choeurs contrebalancent avec une légèreté pop qui adoucit le caractère hyper-électrique de son jeu. L’esthétique est indéfinissable. Disons, quelque part entre Fat White Family et Connan Mockasin, là où l’esthétique est relevée par le charisme d’un personnage qui se joue de mièvreries, dont l’imper-robe de chambre rouge le ferait presque passer pour Charlie et sa chocolaterie, version dément au pays de la musique indé. Le jeu pailleté de la batteuse, avec la simplicité radicale du Velvet, cartonne lui aussi. En face, captivé du début à la fin, on est aussi réceptif au comique de répétition de Gus. Aussi heavy et mignon que le sont ses compos, il attaque chaque morceau en avouant que « c’est la dernière chanson ». Ascenseur émotionnel enclenché, enclenchés aussi les rires qui lui font face.
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Morgane Macé
photos © Boris Masson / Sabotage
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