Billie Holiday, la casse-gueule.

Dans l’héritage du jazz, il y a deux types de types. Et c’est encore plus vrai quand ces types sont des femmes. Des femmes à la voix puissante et d’autres à la voix qui marque la peau au fer rouge. Celles qui s’inspirent et d’autres qui ouvrent les voies. Seulement, pour les ouvrir, c’est pas toujours simple. Parfois dangereux. Surtout, quand on se destine à une carrière de jazz. Mais guess what ? La dangerosité malsaine c’est ça qui fait la beauté d’un artiste.  D’une artiste pour le coup. Billie Holiday ou bien Lady Day, as you wish. Brutale et charismatique. Billie a des couilles. Et des grosses. Beaucoup plus que ses compères masculins. Elle ose, s’émancipe et son grain de voix rend accro. Comme une drogue dure. Une fois tombé dedans, impossible de s’arrêter. Ça bouleverse et pourtant on y retourne.

Billie Holiday est afro-américaine et elle naît en avril 1915. Qui plus est aux States. En 1915, quand on est une femme noire aux States, faut savoir se dépatouiller. Savoir se battre et se débattre avec la morale. Un combat dangereux, mais Billie a le goût du risque. So let’s play. La première femme noire à chanter avec un orchestre 100% white men. Rien que ça. Pour continuer sur sa lancée, elle interprète avec toutes les émotions les plus profondes et les plus effrayantes le poème de Lewis Allan, Strange Fruit au Café Society à Greenwich Village. Dans les années 30, où le racisme est omniprésent, elle ose chanter et décrier les horreurs subies par les siens. En dehors de ça, Lady Day sait s’entourer des grands et à un pouvoir d’attraction hors norme. Et tout ça grâce à plusieurs qualités. Son charisme ? Maybe. Sa sensualité ? Of course. Sa voix ? Yessir. Son tempérament ? Indeed. Ce qui donne des collabs avec Duke Ellington, Teddy Wilson, Ben Webster, Lester Young, Roy Eldridge, Louis Armstrong et la liste est encore longue. Tous des hommes. What a woman.

Côté bio, Billie Holiday naît donc en 1915, se prostitue, fait des détours en prison et a besoin d’argent. Elle commence à chanter dans des bars de blancs pour gagner ses pourboires. Sa voix tord les boyaux tellement les émotions qu’elle transmet sont stupéfiantes. Et c’est ainsi que sa carrière s’envole. Seulement, comme Icare, en voulant trop se rapprocher de la lumière, elle s’est brûlée les ailes. Et avant de mourir sa voix déraille, sa diction se perd mais elle n’a jamais été aussi poignante et émouvante. Donc, en 1959, elle décède sur son lit d’hôpital à cause d’une infection rénale et en bonus un œdème pulmonaire. Alors qu’elle devait être incarcérée par la suite. Quelle vie. Oui, Billie est une scandaleuse. Elle les a enchaînées : drogue, alcool, coucheries, viols et prison. Malgré ça, derrière elle, elle laisse un héritage considérable. La sélection, strictement subjective, des 6 titres de cette page devrait suffire à vous en donner un aperçu.


Ellinor Bogdanovic

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