Barokossa, interview

Joseph Lapchine, saxophone ⋅ Olivier Colas, claviers ⋅
Merwan Djane, basse ⋅ Christian Millanvois, batterie, percussions

Interview. Rencontre à Saint-Amour, juin 2021
Théâtre de la Chevalerie, résidence.

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Barokossa, ça vient d’où ? C’est une onomatopée rythmique à la « Mamakossa » ?

Joseph Lapchine (JL) : Ça vient d’un simple coup de fil. Merwan et moi étions partants pour un nouveau projet. Nous avons appelé deux amis, Christian Millanvois et Olivier Colas, pour être à nos côtés. Merwan a composé pour le groupe pendant les confinements dûs au Covid-19. Un jour, il me dit : « Écoute, j’ai commencé d’écrire un truc, tu vas voir l’idée, y’a un petit côté baroque mais sur une rythmique plutôt salsa ». Et ça m’est venu comme ça :  Barokossa !
Merwan Djane (MD) : Ça se prononce avec le « r » roulé.

Depuis lundi, vous êtes en résidence ici, comment avez-vous travaillé ?

JL : Il y a eu les résidences à l’Arrosoir, à Chalon. À chaque fois, l’opportunité de se retrouver pendant plusieurs jours, immergés, permet d’approfondir le travail. Comme le répertoire est assez complexe rythmiquement, il a fallu trouver une cohésion, une pulsation, un ressenti, une vibration commune. On peut refaire un morceau dix fois de suite s’il faut, et c’est par ce travail-ci qu’on arrive à un vrai résultat. Depuis qu’on est là lundi, je sens qu’il y a des morceaux qu’on appréhende différemment. Quand on repart de plusieurs jours de résidence, le répertoire est monté d’un cran.

Avec vous, on décolle pour aller où ?

MD : Dans des paysages sonores inconnus. Un de nos morceaux s’appelle Terres Inconnues. On veut surprendre le public. C’est le seul titre en français de tout le répertoire, une façon de dire aussi que la France fait partie de l’exotisme.

Dans votre musique, il y a des rythmes latins et des rythmes afro-cubains. Quand on vient du jazz, comment on travaille avec ces rythmiques ?

MD : Avec Joseph on a une certaine expérience de la musique world-jazz. Et tous les quatre, on est assez coutumiers de ces styles. Chacun a sa propre expérience, sa patte, et ça se mélange très bien aux autres.
JL : Il y a un vrai mélange des personnalités, mais notre musique est quand même très salsa dans ses appuis rythmiques. Ça nous a demandé pas mal de boulot. Pour ma part, je viens plutôt du jazz ‘traditionnel’, alors que musique est très écrite, avec beaucoup de mises en place, beaucoup d’appuis auxquels on n’est pas habitués. Cela a été un véritable travail pour chacun car la musique est entièrement composée par Merwan. On va vers de belles choses.

Comment vous êtes-vous accordés autour de la pulse dans cette musique ?

MD : J’ai commencé à l’écrire quand le groupe était constitué. L’écriture est parfois compliquée mais reste fluide. Avec ces musiciens-là, je savais que ça allait marcher.
Dans votre groupe, est-ce que les rôles dévolus aux instruments dans un jazz plus ‘conventionnel’ ont-ils changé ?
JL : Il y a quelque chose de pas forcément traditionnel, c’est le contrepoint. C’est presque une écriture pour quatre voix. J’ai rarement vu des parties de batterie aussi écrites. Il y a un dialogue entre les quatre musiciens. Dans le jazz, on trouve peu cette écriture hyper méticuleuse avec des questions/réponses, des passages à vide avec tout à coup un rythme qui part. Ça pourrait avoir été écrit pour un quatuor à cordes ou pour quatre voix distinctes.
MD : Et en même temps, l’écriture est spécifique à chacun. C’est dans cet esprit surtout que je l’ai écrit.
Si vous deviez me citer des influences, quels noms sortiraient ?
MD : Pas vraiment de noms. Il y a du jazz-fusion, du latin-jazz, de la musique afro, mais difficile de penser à une formation ou à des musiciens en particulier. C’est plutôt hyper ouvert, joué avec l’énergie et l’imaginaire de chacun. On s’est d’abord posés sur un socle latin-jazz et ensuite on a débordé.

Barokossa, c’est fait pour danser ?

MD : Oui. Parfois, on invite le public à se lever, à faire la fête avec nous. C’est un esprit de communion qui peut se traduire par la danse, mais aussi par des claquements de main voire des chants. Ce répertoire est crescendo. L’idée, c’est que ça ne s’arrête jamais. Comme dans l’esprit de la salsa quand on entre en transe ou comme pour le morceau en fin de set, Adelante Ahora. On commence, c’est déjà fort, on se dit que c’est bon. Puis, au contraire, on monte de plus en plus. C’est dans cet esprit que le groupe s’inscrit : il faut que ça vibre.

Barokossa
Barokossa

— photos © LeBloc / CRJ (2021)


Propos recueillis par Lucas Le texier à St-Amour, le 16 juin 2021.

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