La Bande-Annonce

Voici un exercice, un truc qui s’appelle La Bande-Annonce. Ça parle de bouquins sur le jazz. C’est un mélange d’humilité, de Cut and Past Poetry et de ressenti de lecture. On est un peu comme au cinéma, pour cette Bande-Annonce. Avec l’envie de donner l’envie d’aller voir ça en grand, en montrant des fragments, des impressions, montés de façon un peu chic pour que ça attise la curiosité et, surtout, le sens du trop peu.

#1 : Really The Blues de Mezz Mezzrow.

par | 14 Nov 2019 | livres

REALLY THE BLUES
(La Rage de vivre)

Milton ‘Mezz’ Mezzrow
Bernard Wolfe
1946

Livre Really the Blues de Mezz Mezzrow et Bernard Wolfe

Blues Avec Un Pont

par Mezz Mezzrow | Mezz Mezzrow In Paris (1955)

Si tu m’écoutais, GROS-BEC, entre deux flûtes
Si tu voulais bien m’écouter 5 minutes
Poser tes oreilles sur l’histoire du petit juif blanc
Alors à coup sûr t’entendrais VRAIMENT le blues
Tu choperais le noir
le blues VRAIMENT
Tu verrais mon biniou de fer-blanc illuminer la puanteur des cellules de Pontiac
Et couvrir les gargouillis affamés de ma boîte à ragoût
La beauté d’un bourdon tout à trac
Et la dalle des mauvais coups
Pour toute assiette une plaque d’égoût
Tu sentirais comme si tu y étais les roadhouses de Capone
Les poulettes qui se pavanent en oubliant d’être des nonnes
Les bouis-bouis puants qui servent un casse-pattes à te faire dresser la cravate
Bud Freeman
Hilare
Comme une baleine qui a chopé la gratte
Je te parlerais sûrement de l’aimant de la rue
Plus fort à Chicago que partout ailleurs dans ces putains d’Etats
Désunis d’Amérique
De tous ces pousse-crayons au jargon plein de rhétorique
Alors que le maître-mot celui qui donne la note
C’est goddamn HOT HOT HOT
Je te prendrais par la main, Poppa, pour voir la cave où en traînant
On inventa la Jam session
La liberté VRAIMENT
Te faire entendre la musique des trains sur les rails
Libres de toute partition
Le blues à qui personne ne mettra des menottes
Celui qui te fait lever les yeux de tes notes
Regarder le ciel comme si les anges ne portaient pas de culottes
Les doigts qui frisent
Les phalanges qui frétillent
Les genoux en compote
Je te parlerais sûrement pas de ce que les gars de la Beat m’ont fauché
Des pavés
Des continents de mots entiers
Vu qu’en 40 je m’en foutais pas mal comme de cette même année
J’en savais foutre rien des Ginsberg et des Kerouac
Mais je te parlerais de l’orchestre de Pontiac
Qui faisait un putain de beau damier
Un noir Un blanc Un noir Un blanc
Et du destin qui nous avait réunis dans le même panier
Tu t’approcheras, mais pas trop près
Des petites entraîneuses
Celles qui laissent le tapin au vestiaire et le vestiaire aux larbins
Car il faut que tu comprennes bien
Que les histoires de femmes ça complique la musique
Faut choisir entre la liqueur de guimauve et la chimie explosive
Du jazz en ébullition
Comme on choisit entre une sucette au sucre d’orge
Et la T.N.T en bâton

Mais surtout je te parlerais des grandes années où le jazz roi
Prêchait l’évangile des breaks et des riffs
Dans la Grand Rue de tous les bleds d’Amérique
Où la crise qui allait nous limer les dents
Allongeait à l’eau tiède le son Nouvelle-Orléans
Pour en faire du sirop à flons-flons
(Si seulement Tesh ce con
Avait mieux fermé sa portière en partant)
Si tu voulais bien m’écouter 5 minutes
T’entendrais jusqu’à Montmartre à la Maison De Toutes Les Nations
Le Tabac Pigalle et le bordel de Mme Fifi
Le Blues VRAIMENT celui qui réjouit
Qui rend heureux qui te met les frissons
Tu goûterais tout ce que là je t’ai dit
Et encore
Ce que tu viens d’entendre
Cette ventrée de rigolade mêlée à mon blues rutilant
Comme un coup de semonce
Ce que tu viens d’entendre
S’appelle juste La Bande Annonce


Michael Cartier

Livre Really the Blues de Mezz Mezzrow et Bernard Wolfe

Blues Avec Un Pont

par Mezz Mezzrow | Mezz Mezzrow In Paris (1955)

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