Alabaster DePlume
Tribu festival 2022, Un Singe en Hiver,
lundi 26 septembre 2022.
Free your mind, and your sax will follow
Le set de la seconde vie, comme dirait the Grand Master. Dans cette époque morose à tous points de vue, la musique n’a jamais été aussi lien social avec Alabaster dePlume. Le saxophoniste amène sa chaleur, son propre rayonnement. Spiritual jazz, comme on dit, cosmic jazz. Et y’a toutes les constellations dans ce combo atypique : 2 batteries, 2 guitares, une chanteuse et un saxo-clameur, oui monsieur. Et du love, à foison. De l’amour dans ce sax ténor qui fait chialer de ses petits riffs mi-free, mi-crooner. De la tendresse dans l’entremêlement des voix, qui viennent caresser les auditeurs dans le bon sens du poil. De la douceur, et un peu de madness on doit bien le dire, que l’on retrouve à toutes les interventions vocales de dePlume. Et nous, on se dandine. On ronronne aussi, apaisés, à l’écoute de ce mélange en train de se faire. On se cocoone dans la beauté du moment, dans la moiteur de la foule communiant d’un seul souffle. Tout ça en deux heures. Deux heures de caresses, 120 minutes de flammes, 7 200 secondes de Beau. Merci.
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Lucas Le texier
De simples forces
Ce qu’il y a à trahir, ce qu’on peut sauver de la grâce mémorisée, ce qu’on aura perdu dans la bascule. Il y a, d’emblée, la question de la bascule. Celle du disque à la scène, tant les deux premières plaques ont été produites, finasses avec un soin quasi faustien. Notamment Gold, la dernière en date, pleine de la joie péremptoire de son sous-titre : « Go forward in the courage of your Love. » Et cette bascule, studio/scène opère. En amorce de réponse, il y a ceci : « I don’t know anything ». Ce qui équilibre quand même pas mal les forces avant un set où la technique ne sera jamais un argument valable. Spectateurs et musiciens, sur le même pied, dans le même jeu de forces simples. Simples et amples, on parle d’un set d’Alabaster DePlume. DePlume qui avoue donc ne rien savoir avant de lancer le concert d’ouverture du Tribu 2022. Sans rien savoir mais « ready to have fun ». Même s’il a l’air d’un chamane en carafe, d’un Caliban tombé trop tôt de la Tempest de Shakespeare, ADP sait qu’il a le cœur pour recevoir. 2 heures durant. 2 heures de vibrato émouvant et fragiles, 2 heures de spirit jazz et de gammes asiatiques tricotées main, 2 heures de scansion proférée avec une classe lunaire. « Go forward in the courage of your Love. », ça laisse aux tripes des poussées de comète, des accélérations d’autoroute. Sans limitation possible. Au-delà du seul plaisir immédiat.
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guillaume malvoisin
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Lucas Le Texier & Guillaume Malvoisin
photos © Edourad Barra / Tribu festival
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