Can Really Get Started With You

Début western, guitare des grands espaces, en note à note, Guillaume Magne trace ses miniatures à la Leone, mue par les plages vocales d’Isabelle Sörling. Reverb, legato long et électronique chirurgicale. Puis entrée de batterie façon timbales d’orchestre. Dramatique. Bim, You déroule un film d’exil, un conte d’exode, un truc de sale type ou alors une échappée crépusculaire. On ne saura pas qui de You ou moi aura raison mais ce qui est certain, c’est que cette musique n’a pas qu’un œil, n’est pas polie et s’impose au tympan en vous allumant des images au cortex. Voici pour une part de la musique. Pour les textes, You puise dans Entre masque et visage, recueil du père d’Héloïse Divilly, compo-batteuse du trio et curatrices d’hommages familiaux en pagaille. Sur scène, You ça joue serré. Comme un ruck angliche lors des 6 nations. Pourtant, les musiciens de You ne sont que trois. Trois à manier une densité de propos et une puissance d’expression terribles. Ça invente, ça teste et ça finit par percer. En sort des formats de grand écran, des cahots de mini-cabaret folk, des petites pépites pop, pas mal de lumière, aussi. Ça rêve de pierres angulaires, ça ribotise à la guitare, ça wyattise joliment, aussi. You rassemble le monde dans sa paume. De l’Irlande à La Réunion, du Kamtchatka à la Caraïbe, des fjords où soufflent les vents du désert au Mont Ventoux. Puis à toute géographie qu’il convient d’inventer. Ad libitum.