Papanosh, groupe d’octobre
Tribu festival, Quetigny, dimanche 4 octobre 2020.
Orgue, en faux semblant d’intro. Faux semblant, ça semble être une des devises constitutives de Papanosh. Affiché combo jazz mais avec une réalité de jeu hors limite. Groupe de bal d’allure, le quintet joue free à loisir, joue pop comme il lui plait. Ici, pour ce projet dédié à Prévert, le flou des limites est, c’est cocasse, une bénédiction. D’emblée, André Minvielle, invité suprême du quintet solide, litanise une collection de héros de fictions, d’hommes d’états et d’individus peu recommandables. Joyeux anthropophages, Père Ubu, l’homme sandwich et d’autres tombés de son gosier à trésors. Papanosh sort aussitôt l’alarme du pavillon du sax soprane de Raphaël Quenehen. C’est l’entame de son bal à transe, c’est le début de sa revue martiale bancale, l’amorce de sa parade animée. Pas d’arrêt avant la fin, du son du son du son et des chocs très chics de mots. Ceux de Prévert, donc que bcp disent connaître que, finalement, peu ont réellement lu. Prévert Parade nous remet d’aplomb et rabote les prétentions. Pas d’école, pas de récitations ahanées. La subversion à la Prévert, celle, ouvrière, du Groupe Octobre dépasse ses propres inventaires. Il faut entendre la force politique d’Étranges Etrangers, encore davantage à quelques jours des dernières sorties droitières sur les mineurs isolés. Ça racle, ça lève le poing, ça conspue Citroen et célèbre les bordels, dans les remous de caisse claire, sur les grattements de piano et dans le gaviot de monsieur Minvielle. Celui-là même qui balance les textes dans la chaloupe de Papanosh. Il supporte la scansion et la syncope, Prévert. Aussi facilement que d’Aboville sans sa traversée atlantique. Pas peur des remous, la musique des Papanosh sonne putain de clair. Groove à revendre. Riffs avec griffes. Gueule hétéroclite. Joli joie des climats. « Ce soir, C’est Prévert et c’est chouette. » Et le poète passe comme un étourneau là-dessus. S’en fout le répertoire, s’en fout la règle du jeu, s’en fout la mort. Restent une joie terrible, un instant inamovible. Pas mal pour un dimanche pluvieux.
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Guillaume Malvoisin
photo © Edouard Roussel / Tribu Festival
visuel affiche © Magali Baracco
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