Line-up
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Asnake Gebreyes — voix
Lionel Martin — saxophone ténor
Fred Escoffier — claviers
Thomas Pierre — batterie
Damien Cluzel — basse, guitare & rrangements
Ukandanz n’annonce jamais vraiment son retour. Il préfère la collision frontale. Dès la première seconde, quelque chose est frappé d’urgence. Les torpilles du chant d’Asnake Gebreyes déboulent sans sommation. Sa voix coupe net. Zéro apprêt. Yene Felagote, pop song éthiopienne popularisée par Tlahoun Gèssèssè dans les années 70, est reprise sans nostalgie. Compressée, tordue, ramenée à l’os. Ce n’est plus un standard. C’est un choc. Un déclencheur. Derrière, le groupe avance sur un seul nerf. Thomas Pierre frappe droit, sec, clinique. Chaque coup est là pour durer. Rien ne déborde, tout est cadré. Damien Cluzel, taulier du groupe, joue serré, précis. Il découpe, il retient, il appuie là où ça plie. Pas une note de trop. Lionel Martin surgit par éclats. Son ténor ne développe pas, il interrompt. Il décale. Il griffe les surfaces. Rien de moelleux côté claviers, les repères se brouillent en douce. Il tiennent les bords pendant que le centre vacille. War Pigs vient juste après. Et là encore, pas de blague, pas de révérence. Reprise de Black Sabbath au premier degré, sans clin d’œil ni clinquant. Tout est reconfiguré. Le riff est là, solide. Mais les axes ont bougé. Le texte flotte ailleurs. L’incantation remplace le cri. Ukandanz ne reprend pas, il absorbe. Liwsedsh Andken change de rythme. Le morceau ralentit, s’étire. Rien ne s’apaise. Le groove devient fuyant, la voix d’Asnake s’insinue. La basse s’alourdit. Le sax serpente. Tout semble fragile, mais rien ne lâche. Ça tient, juste assez pour continuer. Et puis Song for Francis. Dernier morceau. Faux calme. Dédicace à Francis Falceto, producteur poitevin des « Éthiopiques », figure centrale de cette mémoire éthiopienne que le groupe bouscule sans jamais la trahir. Le ton est sobre, l’adresse nette. Pas d’emphase. Juste ce qu’il faut. Ukandanz ne joue pas avec l’Éthiopie. Il a les deux pieds dedans. Dans ses lignes, dans ses ruptures, dans ses fantômes. Et c’est là que le disque frappe juste. Précision, et prise de nerfs.
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Selma Namata
+ d’info sur Cie 4000
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