Charley Patton

le disque de la semaine du 24.01

father of
the delta blues

charley
patton

rééd. en 2025
chez Black Swan

par | 23 Jan 2025 | disques

C’est dit, c’est acté. Le blues est intemporel. Si le style occupe une place de choix sur la frise de la Great Black Music, les rééditions des faces historiques enregistrées par les bluesmen du Delta, au N-O du Mississippi, s’enchaînent et se ressemblent. Et pourtant. Nous restons toutes et tous là, devant le poste, derrière les écouteurs, près de sa guitare, à les (faire) jouer encore et encore. Black Swan, label historique des africains-américains, pose les termes en piochant parmi les 42 faces du légendaire Father of the Delta Blues, Charley (Charlie) Patton. Extraordinaire guitariste-chanteur qui réunit dans son jeu de fingerstyle, de percussions et de chant taquin, les deux mamelles de la musique populaire américaine : ce qui la précède, les rags, les numéros de vaudeville et le fife and drums ; ce qui la poursuivra, le rhythm and blues, le travis picking et la folk. Quid de la selecta ? Pour notre bonheur, Patton fait partie des artistes de sa génération qui a le plus enregistré. Et comme tous les bluesmen de son temps, il a cumulé les esthétiques pour satisfaire les auditoires populaires des bouibouis, honky-tonk et autres speakeasy. Shake it and Break it, rag grivois qui, on imagine, tournait en boucle jusqu’à épuisement des rires et des jeux de jambes. Patton étant connu pour ses excentricités et son jeu de scène comique, ce genre de numéros olé-olé lui collait à la peau. Plus classiquement, Pony Blues et Some Summer Day ressemblent à l’idée que l’on se fait du style delta, triptyque slide-bottleneck-chant plaintif. Incontournables du répertoire de l’époque, les negro spitiruals et autres hymnes religieux, I Shall Not Be Moved ou Lord I’m Discouraged, laissent déjà entrevoir la porosité des frontières entre sacré et le profane franchies par le doo-wop et le gospel. De ces rééditions, pas de surprise, seulement une confirmation, celle que le blues du Delta est éternel.


Lucas Le Texier

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