Trondheim Voices,
Gjest Song
sortie le 2 décembre 2022 sur Hubro
Imaginons. C’est les archis du Bauhaus, ou le Corbu qui s’est occupé du design de la bûche et du plan de table. Noël 2022 prend une autre gueule tout de suite. Et si on complète avec une bande son où se glisse ce disque de la paire Trondheim Voices/Christian Wallumrød, on a une de ces fêtes royalement diagonales, délicieusement bancales et planantes. Gjest Song a lui seul assure le conte idoine, né d’une performance vocale et ininterrompu de 5 jours, en 2015 Wallumrød corrige sa partition in situ et in vivo quand les Voices chantent dans l’église de Lademoen pendant le Olavsfest, en Norvège. 5 ans plus tard, la partition est éprouvée, prête à être déposée délicatement sur disque, au cœur de l’église de Melhus. Délicatement, c’est ce qui prévaut à la première écoute de Gjest Song. Aux suivantes, c’est l’agencement, terriblement fin, savamment ciselé, qui apparait. Par exemple, la tension Sakte Draw, les courbes quasi-planes de Sixth Anneks, tout juste fracturée par les harmoniques aux coudes francs. Par exemple, encore, les battements micro-tonaux et incisifs qui irriguent, Sonic Mold, dernière plage de cet ensemble qui danse sur la corde raide. On connait bien entendu le travail pour piano de Christian Wallumrød, souvent mis en valeur sur le même label, Hubro, ce disque en est le prolongement. Non pas que les voix parfaites du Trondheim ne soient que l’instrument de ses dix doigts mais qu’elles en éclairent les recoins encore restés discrets. Chaque voix explose en angle droit. Disons comme une surprise calée par Le Corbu ou les archis du Bauhaus.
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Hubro : Bandcamp