JazzContreBand
Soirée d’ouverture, Chateau Rouge,
Annemasse, samedi 1er octobre 2022
Shems Bendali quintet
Classique, ce 5tet. Cuivres à la ancienne, espace sonore quadrillée avec la manière. Précise, pesée et d’une élégance redoutable. Exemple avec Le Maître et l’astre, faux airs de Straight No Chaser pour clore le set. Mais avant la fin de l’histoire, il y a le reste. Beau reste. Quintet symétrique, le combo de Shems Bendali, frontman à la puissance tranquille, tient beaucoup sur la tenue du Rhodes de Andrew Audiger. Suspendu, razzia sur le swag à peine dérangée par la battue de Marton Kiss. L’équilibre est là, mouvant, pérenne, navigant à son aise dans l’interplay comme dans la pensée active à chaque phase d’improvisation. Miles ? Oui. Classic, nous disions plus haut. Coltrane est même l’objet d’une citation détournée de Naïma, Anima extrait de Choukheads premier disque du quintet. Mais le drive de Tavelli est actuel. Assurément. Pas tiré vers les transes nouvelles d’Angleterre mais bien de son temps. S’approchant joliment du Steve Gadd de 50 Ways To Leave Your Lover sur Magenta. Pour le reste, c’est rond, rapide et sans scrupule. Très classe quintet.
Snarky Puppy
Pas trop la quenotte dangereuse, ces chiots-ci. Les canines sont plantées dans un groove solide et motivé. C’est carré, Snarky Puppy. Très carré même avec 10 angles aigus où converge le monde et ses musiques, 10 angles aigus. C’est bon, on vous dit. Tout bon, tout bien. Comme une rasade de Tropico-coco un soir de mousson, comme un générique de film du dimanche soir, comme un dialogue entre potes un soir de Jägerbomb. Sucré, immédiat, tape-dur et enthousiasmant pour un deuxième round. On repart très vite avec le combo texan. Pas farouche sur les effets. Passent des mariachis sous plasticine, des cowboys savonnés de frais, des guitar-heros masqués portant abdos à l’air. Le genre de Wild Bunch sans bitch mais avec du pitch. Et pas que dans la potch. Sur les claviers surtout, aussi efficace qu’un six-coups dans une BD western. On n’ira pas jusqu’à penser que la meilleure impro est l’installation d’une cabine Leslie en plein milieu du cours du set et d’un morceau hommage à Roy Hargrove. Non, chaque solo est ficelé avec soin, et le son de la basse assure à lui seul la base de la liberté du tentet. Liberté prise pleines poches par une salle KO debout.
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Guillaume Malvoisin
photos © Emmanuelle Nemoz / JazzContreBand
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