Band Housing plays Randy Weston
festival Sons d’Hiver, Maisons-Alfort, mardi 4 février 2020.
À l’ancienne, oui. Mais pas oldschool. Band Housing ne sert que du fait main, du fait maison et revisite l’histoire de la syncope pour « remettre en lumière des jazzmens un peu oubliés ». Émanation du Umlaut Big Band et des Jazz Series jouées à la Goutte d’or, ce petit cercle est tout entier appliqué à son sujet sans pour autant se résoudre à rester, docile, sous le dogme. Bon, après, être docile en s’attaquant à Randy Weston relèverait du tour de force. C’est précis, diablement mis sous tension et ça sort avec un bonheur égal tubesques et marginaux du Weston vault. Attaque parfaite avec Bantu, plus loin on entendra The Call, Sad Beauty Blues, contrefort afro du Creole Love Call d’Ellington ou encore Hi-Fly, petite pépite rapide jouée pour les encore demandés au Band. On pourrait classer ceci sous l’étiquette « exercice de style » mais il faudrait oblitérer de façon un peu idiote, que le jazz a toujours trainé, jusque dans le moindre rade, sa part d’éveil, de messagerie et de médiation. Ce tribute kaléidoscopique le sait mais ne s’y arrête pas. À l’absence de piano, imposée, Band Housing répond en hébergeant ses propres arrangements du portrait du maître de clavier africain-américain. Quatre soufflants aiguisés sous une doublette rythmique peu décidée à n’être qu’une main gauche. Analogie picturale. On serait chez Juan Gris et ses trames aux limites parfois tracées parfois laissées souples pour que les masses jouent leur tickets chocs. C’est très chic. Et le sextet de se parer de la même élégance quant à ses lignes et son dessein. Les morts sont joués par les vivants. Bien mieux que l’inverse.
—
Guillaume Malvoisin
photos © DR
—
+ d’infos sur le festival Sons d’Hiver
— Randy Weston en 1963 © Chuck Stewart/Mosaic Records
D’autres chroniques de live pourraient également vous intéresser.
C’est par ici.