Kaze x Ikue Mori
festival Sons d’Hiver, Arcueil, mardi 28 janvier 2020.
Ceux qui ont déjà essayé d’allumer un feu dans une cheminée sifflante sous la bise peuvent avoir une petite idée de ce qui souffle au sein de Kaze. Le quartet, issu des rangs aventureux du collectif Muzzix, a fait du vent son patronyme — Kaze, c’est le vent en japonais — puis doublé la mise en intégrant les deux cuivres soufflés de Natsuki Tamura et de Christian Pruvost. 2 trompettes faces à deux marteleurs : Peter Orins derrière ses fûts et Satoko Fujii face au clavier d’un piano étendu. Dans le vent donc. Ce quartet y est définitivement. De tous les types. Le rugueux, l’âpre et le sévère, le léger, le très joueur et le lyrique oblique. Très large amplitude du matériau musical embarqué. Nouveau répertoire, deuxième concert en formation de quintet. C’est du vent, oui. Mais consistant. Le discours est libre, l’interplay est terriblement libre, lui aussi. Mais ce qui se joue, ici, a l’épaisseur des contes dont on a perdu l’origine et qui se réinventent sur l’instant, avec une vivacité espiègle. Et l’invitation que Kaze a lancée à Ikue Mori n’arrange rien à cette abstraction jubilée. Fraction de l’ADN de DNA (pas le journal alsaco mais le groupe de zinzins from New York dont les frasques doivent encore agiter les concepts contemporains), Ikue Mori sait aussi jouer pédale levée. Illustrant ici, défigurant là. Loin de décorer, loin de contrapointer joliment, son électronique pousse les courants aériens de Kaze dans des limites encore plus flottantes. Christian Pruvost dont la trompette va parfois lui chercher noise et la provoque en un duel sonique amical. Un chifoumi diagonal, quoi. Et le souffle, par exemple, repris par Pruvost, à l’occasion d’un solo manipulé comme le faisait Bubka d’une perche (souplesse et puissance), de trouver un élan suspendu. Volubile et prêt à lancer ses quatre comparses dans des débats contradictoires, redirigés par la frappe sans appel de Peter Orins ou le clavier à peine tempéré de Satoko Fujii. « Qui fait des vents vivra longtemps. », disait ma grand-mère. Pas mieux.
English spoken, here.
Those who have ever tried to light a fire in a breezy chimney may have a little idea of what’s blowing in the Kaze project. The quartet, fissued rom the adventurous ranks of the Muzzix collective, made the wind its patronymic. Kaze is the wind in Japanese. Kaze knows his winds with the two brass instruments blown by Natsuki Tamura and Christian Pruvost. 2 trumpets facing two hammerers: Peter Orins behind his drums and Satoko Fujii facing the keyboard of an extended piano. There’s music in the air. This quartet is definitely there. Breath of all types. The rough, the harsh and the severe, the light, the very playful and the lyrical oblique. Very large amplitude of the musical material played in a new repertoire. Nothing but hot air, yes. But very very consistent. Ideas are free, the interplay is terribly free, too. What is played here has the thickness of tales whose origins have been lost and which are reinvented in the moment, with a mischievous vivacity. And Kaze’s invitation to Ikue Mori doesn’t help this jubilant abstraction. A fraction of the DNA of DNA (this group of New York’s silly-sonics whose antics must still be shaking up contemporary concepts), Ikue Mori also knows how to play pedal to the metal. Illustrating here, disfiguring there. Far from decorating, far from nicely contraposing, his electronics pushes Kaze’s winds into even more floating limits. And the breath, for example, taken up by Pruvost, on the occasion of a solo manipulated like Bubka did with a pole (/w flexibility and power), to find a suspended moment. Voluble and ready to throw his four compatriots into contradictory debates, redirected by Peter Orins’ irrevocable typing or Satoko Fujii’s barely well tempered keyboard. “He who makes winds will live long. “My grandmother used to say. No better.
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Guillaume Malvoisin
photos © DR ( Collectif Muzzix et Deuxième page)
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