Samurai Champloo, hip-hop impérial
Jazzdataz. Animé, pixels, OST et des claques syncopées. Ici, on cause de samples tutélaires et de phrasés apaisés. Cinquième épisode, Samurai Champloo, 2004. Mythique.
3’52, le temps d’infuser votre shiso et de chill sur un minimix sabré dans L’OST.
Samurai Champloo, minimix
Tracklist : Battlecry feat Shing02 / Just Forget / Process / Shiki No Uta feat MINMI.
Gros morceau. Samurai Champloo, animé de 26 épisodes, sort au Japon en 2004. Son papa est Shin’ichirō Watanabe, réal d’une autre masterpiece, Cowboy Bebop sorti 6 ans plus tôt. L’intrigue Samurai Champloo tient sur la tranche d’un katana. Dans le Japon de l’époque d’Edo, Fuu qui recherche un samouraï qui sent le tournesol. Pas commun. Sa quête florale est accompagnée par 2 fines lames du pays, après un pari gagné par la jeune fille. Mugen, est un fouteur de merde et Jin, un rōnin observateur et impassible.
*Scratching*
Parenthèse musicologique. Début 2000, J Dilla, MF DOOM, Madlib et Nujabes sortent des galettes très smooth avec un son granuleux, un peu sale. Les producteurs gardent les imperfections des vinyles qu’ils samplent avant d’étouffer les sons. C’est la naissance du Lo-fi hip-hop qui s’associe très vite à la culture des dessins animés. Big up à la direction artistique des pochettes de MF DOOM inspirée des comics. Aujourd’hui, le “chill-out/lo-fi” s’est imposé comme LA médecine. Pour bosser, dormir ou juste chiller. Après leur mort, Nujabes, Dilla et DOOM vivent encore.
Nujabes © Yoshiharu Ota
Samurai Champloo – Opening Theme © Fuji TV (2004)
*Scratching*
Regarder Samurai Champloo, c’est surtout mater des brutes se sabrer les membres en déblatérant de la poésie. C’est classe. Exemple avec cette scène post-castagne et son sonore, Just Forget, produit par Force of Nature. Pour cette instru, KZA et DJ Kent ont samplé 3 artistes : Dirty Feet du Daly-Wilson Big Band (1975) et son pattern de batterie le plus samplé par le hip-hop, une doublette glissando de harpe/thème à la flûte traversière tirée de Just Remember de The Blossoms (1972) et Sweetie Pie des Stone Alliance (1976) dont on extrait le sax énervé de Steve Grossman.
*Scratching*.
Hop, plus loin, Tsutchie balance Process, en guise d’interlude. Tout s’apaise. Rythmique binaire, clap sur le 2ème et 4ème temps puis montée de gamme. La construction du track est simple mais addictive. On bouge la tête, on se sent bien. Les accords du piano électrique, les nappes de cordes et le riff de guitare créent leur bulle. Lullaby vibe.
Pour l’ending titles, Nujabes reprend les rênes et comme pour l’opening, ne reste pas seul. Sur Shiki No Uta il est rejoint par MINMI, chanteuse pop japonaise. Mais cette fois on se rapproche d’une prod pop et R’n’B. Guitare électrique samplée du Make Love 2 de Kip Hanrahan (1985), pads et voix pop de MINMI qui accompagnent les paysages de carte postale. Fin d’épisode mélancolique mais pourtant très colorée et lumineuse.
—
Théo Bourdier
—
photos : Captures écran de l’animé © Fuji TV, 2004