Un. Deux. Trois. Comme l’élégance maîtrisée d’un triangle isocèle, le trio Rouge s’avance et s’élance sur les sonorités de leur album Derrière les paupières. L’angle dominant n’est autre que le piano à queue de Madeleine Cazenave. Le lead qui harmonise les deux autres points de ce même triangle. Celui de la contrebasse et de la batterie. Une équation bien proportionnée qui frôle dangereusement la beauté et la mélancolie. Chaque note se disperse tendrement et cruellement sur chaque parcelle de la peau. Derrière les paupières fascine mais abîme. Passionnant et redoutable. L’immersion est totale. Un écran projeté d’un côté et des lumières diffusent de l’autre. L’expérience est sensitive. Elle caresse l’épiderme, se faufile sur les tympans et paralyse la vision. Un tout tendrement audacieux. Tendre, certes mais un spectacle complètement hypnotisant. Une seule lumière dans la pièce. Celle qui enrobe les touches noires et blanches du piano. Les doigts qui virevoltent font tourner la tête et éblouissent les oreilles. Impossible de ne pas rester focalisé. Jusqu’à ce que les trois coups de la fin retentissent. Un. Deux. Trois.