Robinson Khoury « Frame of Mind »
Robinson Khoury, trombone ⋅ Etienne Renard, contrebasse
Mark Priore, piano ⋅ Pierre Terreygeol, guitare électrique
Elie Martin-Charrière, batterie
Interview. Dijon, novembre 2021
D’Jazz Kabaret, Media Music – La Vapeur.
Frame of Mind, ça sort d’où ?
Frame of Mind, ça signifie “état d’esprit”. Sur le premier album, on entend beaucoup de blues, un style que j’ai beaucoup écouté. C’était aussi une invitation à toutes les personnes avec qui je n’avais pas encoer collaboré ou enregistré sur disques. Une carte de visite, avec la découvert de mes influences.
Tu cites le blues. Qu’est-ce qui t’attire dans cette musique ?
Quand j’étais petit, je voulais faire de la guitare électrique. Il y avait beaucoup de CDs de blues à la maison, ça vient de là. J’en ai beaucoup écouté et aussi du rock, du métal et même de la fusion. J’adorais Van Halen et Steve Vaï. Moi et la guitare, ça ne marchait pas trop. (rires) J’ai vite abandonné. Quand j’ai découvert le trombone dans le big band de mon père, je me suis dit que c’était ce que je voulais faire. Le trombone, c’est comme la guitare, ça se prête à beaucoup de styles mais c’est un vent, et ça correspondait mieux à ma formation de chanteur.
Tromboniste de jazz, tu as l’impression que ça te place à un endroit particulier ?
Le jazz, c’est surtout un grand monde qui accueille beaucoup de styles différents. Et le trombone, c’est aussi un instrument passe-partout. J’ai fait beaucoup de musique classique, je me suis intéressé à la musique arabe qui fait partie de mon héritage familial, j’ai des origines libanaises. La musique arabe au trombone, ça marche très bien, même si c’est un instrument qui est assez étranger à cette tradition. L’important, c’est ce que toi, tu as envie de faire et la musique que tu as en tête. Donc “tromboniste de jazz”, ça me va comme label, mais pas jazz au sens pur du terme. Pas que.
Outre l’étiquette “jazz”, ça fait quoi d’être tromboniste ?
Quelques personnes me disent qu’ils n’entendent pas un tromboniste quand je joue. Est-ce que je dois le prendre comme un compliment ? (rires) Vraisemblablement, ça veut simplement dire qu’ils n’ont pas l’habitude d’entendre des trombonistes qui jouent comme ça. Je suis très influencé par ma formation vocale : j’essaye de chanter un maximum ce que je joue, pour que ça paraisse le plus naturel possible.
Frame of Mind, c’est un projet solo ou collectif ?
C’est un projet perso mais ce n’est pas un projet solo. Y’a d’autres êtres humains qui participent à cette musique.
Comment tu as choisi ton line-up ?
Musicalement et humainement. Avant, je me disais qu’on pouvait faire de la musique et avoir des relations professionnelles avec des gens avec qui on n’était pas forcément proches. Plus ça avance, moins j’y crois. Dans Frame, on s’est tous croisés dans d’autres groupes ou dans des remplacements.
Tu sers dans ton premier album un Velouté d’arpèges truffés.
Avec Jules, mon meilleur ami, tromboniste lui aussi, on a pas mal travaillé ensemble lors de nos études. Nous avons joué pour mon prix au CNSM un morceau qui était une sorte d’étude pour trombone hyper difficile avec plein de parties différentes. Ça s’apparentait à une digestion. Et comme à Lyon on aimait beaucoup se faire de bons restaus…
Ton son est très smooth et nonchalant.
Quelques fois je peux adopter un ton plus cuivré, sur des sections de salsa ou de funk. Je pense que ça vient avant tout de mes études classiques qui m’ont fait travailler cette rondeur du son. J’avais envie de cette largeur de son, de cette chaleur.
Frame of Mind, la suite ? Frame of Body ?
Ça se passe toujours un peu dans la tête. On a tous été marqués par cette période compliquée, d’arrêt immédiat de tous les concerts. J’essaye de tirer le positif de tout ça, pour m’intéresser à d’autres formes d’art comme la peinture. J’ai tenté dans mes nouvelles compositions d’associer des modes à des couleurs ou des formes à des rythmes. Dans le prochain album, Broken Lines, il y aura une double connotation de “broken”. Des lignes cassées, certes, mais aussi les codes du jazz moderne cassés eux aussi. Des compos m’ont été inspirées par la distanciation sociale ou l’incitation à toujours devoir être productif.
On reste dans l’esprit donc ?
Plutôt dans la tête que dans le corps. Mais ce second album est vraiment ce que j’ai envie de défendre.
— photos © LeBloc / CRJ (2021)
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Propos recueillis par Lucas Le Texier à La Vapeur, le 18 novembre 2021.
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