Ride Or Die
Jazzdataz. Un jeu, une OST et une claque syncopée. Ici, on cause chorus pixélisés et phrasés 16 bit. Troisième volume, troisième mendale. Skate 2, 2009. Solide.
Skate 2 © Electronic Arts, 2009
SKATE 2 - le minimix
Tracklist : Gang Starr / Dayton Sidewinders / Public Enemy / Die Hunns / Sam & Dave
screeners de Skate 2 © EA
Skate 2, ou Skate It pour les détenteurs de la Wii, c’est un monument. Une série qui a toujours su retranscrire, dans le monde du jeu vidéo la culture skateboard. Un monument invariablement accompagné d’une bande son soignée. Et donc, dans le game du game, ça écoute quoi un skater ? Electronic Arts (EA) a réglé ses ambiances sans jamais tomber dans les clichés gnangnan. OST éclectique, selecta à l’ancienne où le funk, le punk 70’s et le hip-hop slident ensemble sur la rampe de la liberté. La liberté, c’est le leitmotiv de la série des Skate. Rider où tu veux, quand tu veux, balancer des tricks improbables pour impressionner les gonz du quartier et emmerder les vieux. Le skate c’est ça aussi, faut-il le rappeler. Un mouvement de contestation, venu de la rue, une façon d’écraser, à grands coups de pieds, les cases dans lesquelles on veut bien nous enfermer. Pour qu’un jeu de skate soit culte, il faut une OST culte. EA l’a pigé. « This soundtrack is truly a tribute to the skate lifestyle » glisse Steve Schnur, directeur musique et marketing de l’époque. Schnur sort l’artillerie lourde : Wu Tang Clan, The Clash, NAS, Rage Against The Machine, Black Sabbath et d’autres zozios calibrés street cred.
Steve Schnur après un pop sur console.
Mais avant, faut choisir ton perso. De Pat Duffy et son look de punk à chien, à Jason Dill en passant par Ray Barbee, t’as du choix. C’est assez cool de balancer des tricks en étant à la place des meilleurs zinzins à roulettes de la Terre. Et au meilleur son pour te mettre en jambe. Allez, back to the 90’s. Bim ! Gang Starr, deux belles gueules amoureuses des samples syncopés. DJ Premier et Guru. Deux petits gars qui incarnent la mouvance jazz rap aux côtés de l’immense Madlib, A Tribe Called Quest ou encore d’un certain Nujabes, aux commandes par ailleurs de l’OST de Samurai Champloo. Skate 2 nous offre Step In The Arena, issu de l’album éponyme sorti en 1991. Un sample de batterie soul et du scratch made in Premier et Guru débite son flow sous une boucle de Fred Weasley & The Horny Horns. Sorcellerie ? Nope. Bon goût ? Yep. C’est bon et c’est souple. Comme un pop à Montmartre.
La chenille version Street cred’
En plus d’un son solide, Skate 2 apporte également un truc supplémentaire à sa série. Tu peux marcher dans les rues de San Van, la planche à la main. WOAW ! Du pur génie. Pour les joueurs, c’est une petite révolution. T’as envie d’explorer chaque recoin de la ville, de capter ses secrets et les meilleurs spots. Et pour découvrir toute la map, un bon petit funk bien crado. Dayton Sidewinders prend les commandes de ta board. Go Ahead On (1971), littéralement « allez de l’avant », sonne comme une ode à l’aventure. Rythmique crue, orgue free, cuivres qui saturent. Chill. Tu profites et tu balances des dingueries entre deux trottoirs. Et des dingueries, tu vas en mettre mon lapin. C’est le principe des jeux de glisse. Enchaîner les meilleurs tricks et ridiculiser tes adversaires. Contrairement à son grand frère et concurrent, Tony Hawk’s Proving Ground (2007 sur PS2 et 360), Skate 2 affiche une combinaison de touches plus complexe et « réaliste ». Chaud pour faire un 25 stairs ollie. Là, c’est Harder Than You Think (2007). Public Enemy prend le mic et pose sur une guitare piochée chez la Shirley Bassey de Jezahel (1972). Les cuivres explosent. Ça requinque. Petite info bonus, le grand single perdu a été l’hymne des Jeux paralympiques de Londres en 2012. Classe.
Dans le monde ouvert de Skate 2, en 2 sessions, tu croiseras des gars qui te brancheront, te challengeront ou, pire, t’obligeront à écouter Die Hunns. Voilà. La journée se termine tranquillement, t’as enchaîné les tricks, il est temps de rejoindre tes potos sur les hauteurs de la ville. Apéro/sunset/COVID. Easy cocktail et Sam & Dave chantent Hold On I’m Comin (1968). Un dernier petit coup de rein vers le bonheur. Plus stimulant qu’un discours d’Olivier Véran. Encore plus excitant qu’un test PCR.
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Théo Bourdier
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Gang Starr © Martyn Goodacre/Getty Images
Sam and Dave ont reussi un triple flip.