Premier du Matin. Voilà qui est, pour tout grand dormeur, un concept inhabituel. Mais lorsque le premier titre du groupe Yalla Miku devient sonnerie officielle du réveil, la journée toute entière tourne à l’extraordinaire. 6h00 pétante. Expulsion de sous la couette par un gimmick electro aussi déstabilisant que le fait d’avoir les yeux ouverts à cette heure-ci. Un chant s’infiltre progressivement dans l’énergie du groove, tel un souvenir persistant de la nuit passée. Son ton grave annonce une situation qui l’est tout autant : Yalla Miku fait officiellement concurrence au café du lever du jour. Mais le groupe ne s’arrête pas là dans son exploit. Il embarque ensuite son novice-lève-tôt à bord d’un Tapis Volant, pour la suite des événements. Aux manœuvres, Cyril Cyril, les deux fondateurs du groupe, Yeterian (banjo, guitare électrique, voix) et  Bondi (batterie et voix), accompagnés d’habiles co-pilotes venus d’Hyperculte ou d’ailleurs : Simone Aubert (synthétiseur, guitare et voix) Vincent Bertholet (basse et voix), Anouar Baouna (guembri), Samuel Ades (krar) et Ali Bouchaki (darbouka). Sous le label Bongo Joe, plusieurs escales au programme : Tortije pour refaire le monde, Hyper Tigre pour laisser se déployer l’imagination, Asmazate pour jouer l’équilibriste sur un tissu de percussions. Survolant Suisse, Algérie, Maroc et Erythrée, le groupe finit par Etre Astre, empêchant tout retour sur Terre. Le monde d’ici bas est tellement trouble que la Suisse s’est transformée en Suiise. Mais peut-être est-ce la nuit déjà entamée qui trouble les repères. Car la faille tempo-irréelle de Yalla Miku parvient à faire du premier auditeur du matin, le dernier du soir.

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Selma Namata
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