Line-up
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Nicolas Virey — vielle à roue, composition
Hugo Jannet — batterie, guitare, voix, composition, textes
À rebours. Ainsi va la voix entendue au fil d’Un Journal. Métronomique, contrainte au possible, cadencée serrée, antinomique. Manœuvre semble avancer ainsi. Loin de l’exercice de la lecture illustrée, d’un texte mis en musique, loin aussi du théâtre sonore. Travaillée comme elle l’est, dans un son taillé au ciseau, une écriture tendue, la voix décentre et décadre les 5 plages du disque. Moteur ? Non pas vraiment. Récit ? Pas vraiment non plus. Mais matière, absolument, rythme aussi. Groove plein de lymphe, régularité scansive se frottant à celui de la battue, simple et libre, à celui du bourdon, à celui des montres et des « roseaux jaunes ». C’est même là tout l’intérêt et la modestie de ce duo. Nicolas Virey et Hugo Jannet font feu de leurs expériences meurtries au travail pour créer, à la main, et dans la grâce d’un studio idoine, ce Journal. Pendulaire, têtu dans ses drones et ses « secrètes raisons ». Les mots indiquent et pointent, les instruments, nombreux, propulsent, évoquent et pointent, à leur tour. Vers un ailleurs, hors de cet endroit où l’esprit a ruminé un paquet de jours et de mois, au-delà d’une géographie personnelle. Les onde sont longues, les références nombreuses, la sensibilité étrangement paisible. Sans doute comme certaines colères savent l’être pour ne déranger personne. Un Journal, ainsi, ne dérange pas. Il provoque. L’adhésion, l’inconfort et, forcément un peu aussi, le voyage. Les paysages qui s’alignent deviennent alors universels, réinterprétés à l’envi, par l’auditeurice. À rebours de soi.