Au collège, il y a ces élèves mis à l’écart. Trop différents pour rejoindre un groupe où tout le monde se ressemble. On les appelle ‘boloss’. En musique, il y a les percussions classiques qu’on qu’on règle avec le sobriquet ‘Tamtam’. C’est vraiment trop injuste, dirait Caliméro. On serait assez d’accord. Encore plus en apprenant la sortie d’un album capable de montrer qu’être singulier, c’est beau et fort. Nous, on dit oui. Tears of a Cloud, c’est le projet solo de la percussionniste et compositrice japonaise Taiko Saito. Marimba et vibraphone assument le répertoire à eux seuls, s’abandonnant à une tristesse trouble, entre jazz, classique et contemporain. On vous laisse imaginer la niche dans laquelle la musicienne s’est lancée. Mais c’est souvent les solitaires qui ont les histoires les plus passionnantes à raconter. Et en plus d’assumer cette introspection mélancolique, la percussionniste possède la maitrise permettant à ses claviers une multitude d’expressions. Les interprétations jouent avec les limites de ses instruments. C’est ainsi que les baguettes interprétant Daichi passent de la caresse d’une lame à un coup tout en rage et puissance. Sound Gradation, rappelant au passage le Sosso-Bala d’Emmanuel Séjourné, semble nous dire : « Seul ? Oui. Mais assez imaginatif pour me débrouiller ». Progressivement, les sonorités, peut-être étrangères au début, deviennent plus familières. Aucunement besoin d’autres instruments. On met cette idée à Distance. Et si le vibra de ce dernier morceau était petit collégien solitaire, il serait en cours de natation. Ayant complètement oublié le regard de ses camarades sur son originalité, il serait sur son petit nuage, et slalomerait avec style, entre les bouées, sans les larmes qui coulaient auparavant. Tears of a Cloud : pas un boloss, mais un beau « los » parfait.

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Guillaume Malvoisin
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Trouble In The East Records : Bandcamp