Sorg & Napoleon Maddox
Péniche Cancale, Dijon
samedi 18 février 2023
Toujours attendues les rencontres Duke City / Beztown. Histoire, fusion administrative, diagonale géo-politique, jamais simple. Celle-ci, de rencontre, l’aura été pourtant. On est plus sur la tonalité d’un numéro d’Interville que dans un remake local de Scarface. Excellent de retrouver le emcee, qu’on avait laissé chauffé de Bad Fat, il y a deux ans, au Tribu festival. Samedi dernier, Napoleon Maddox était en duo avec Sorg, pour un set à la Péniche Cancale. Aucune tentation de conquête, si ce n’est la prise des têtes remuantes de la fosse. Descendus de Besançon chez les Ducs pour défendre Louverture, leur dernier LP tout chaud sorti du four, le duo hip hop l’a trouvé, justement, l’ouverture. Et sans attendre la Toussaint. À double battant, la porte ouverte. Le flow de Maddox s’est teinté depuis quelques temps d’un moelleux parfait, les beats de Sorg ont pris des galons hardcore au niveau sonore, l’équilibre des deux vire au smooth libertaire parfait. Thématique politique, évidemment, comme sur le tubesque participatif qu’est désormais Security, où KRS One et Malcom X se font scander l’hommage. Tribute payé à l’ambiguë cover du disque By All Means Necessary (Boogie Down Productions, 1988) orné d’un uzi prêt à défourailler. Napoleon en démine très vite la demi-teinte du message avant de poursuivre. C’est alors, et jusqu’au rappel, une battle démocratique « Republic won’t save us », une introspection qu’on pourrait juger tombée du capitole US, « What do they want ? why are they so mad? », sur Wha Dey Wan. Mais ce politique frontal des lyrics fond, encore une fois, ses diatribes dans le mellow rap du combo. C’est What’s Your Joy?. Question naïve. Pas pour se planquer, mais pour être d’une efficacité redoutable. Vieille dialectique parfaite du son qui pense et du mot qui danse.