Ready ? Moteur, on bascule la lumière. Avec Rare Birds, sorti sur disque aujourd’hui, on passe du clair-obscur de la version live, dont on s’est, ici, à peine remis, à cette obscure clarté chère aux poètes·ses. La différence peut sembler infime au profane comme au bulldozer. Mais cette bascule rapproche l’Orchestre incandescent, conduit par Sylvaine Hélary, encore davantage de son sujet : la parole recluse et ouverte prise aux bouches d’Emily Dickinson et de PJ Harvey. Ce disque explore de plus près encore les obsessions de la flûtiste-leader et les miniatures dickinsonniennes, manipulant avec des pincettes ces textes plein de frénésie empêchée, pour inventer des micros-rythmiques, des ruptures immobiles, des clins d’œils malins à Paul (le chant de The Largest Fire Ever Know), à Stevie (la clavinet d’intro de We Do Not Play On Graves), au folk anglais (les cordes magnifiques de To Make A Prairie) et à quelques autres. Pop baroque, mélismes seventies, voix éthérées sans jamais disparaitre dans la masse instrumentale, tout concourt à rendre cette obscurité brillante. Il y a du noir brillant, c’est ainsi fait. Et ce disque parfait en convaincra quiconque aura le petit bonheur de le laisser tourner sur une platine. À la lueur d’une bougie, ou d’une lampe torche.

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Guillaume Malvoisin
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Yolk records : Bandcamp