Paul Lay trio,
Blue In Green
sortie le 2 décembre 2022 sur Scala music
L’hiver est arrivé, l’après-midi est à peine entamé qu’il fait déjà noir. Avec lui, la mélancolie qui l’accompagne. Vous avez grave le blues, et on vous comprend. Mais là, petite lumière qui réconforte : Paul Lay sort Blue in Green. Titre emprunté au classique de Bill Evans (ou de Miles Davis, pour ne pas titiller la polémique), ce disque live est un hommage au pianiste à lunettes. Minority, Peri’s Scope ou encore The Two Lonely People : chaque titre est re-portraituré par le trio, où joue chacune des trois sensibilités. Paul Lay en super pianiste, le batteur Dré Pallemaerts, tout aussi super et ce contrebassiste au nom super long, Clemens Van Der Veen, super lui aussi. Super trio, complicité audible. Valeurs sûres, donc, abritées sur le label Scala Music, pépinière des nouveaux GPVM, à savoir, les Grands-Poupons-Virtuoses de la Musique (acronyme inventé pour l’occasion). Scala, c’est l’échelle en italien, métaphore idéale pour illustrer la carrière pianistique de Paul Lay : dix doigts — jusque-là tout va bien — et presque dix fois plus de distinctions. La terrible envie post-Covid du trio de rejouer termine de convaincre quant à l’urgence de cette musique sur ce Blue in Green-là. Quitte à improviser, à jouer « sans répétitions en amont et sans filet » comme le confesse Paul lay. Blue in Green, la reprise du morceau, est tellement convaincant qu’on sent les instruments vibrer, s’emballer, puis gémir. C’est comme une caresse à la saveur nouvelle, douce et mélancolique. Presque nostalgique d’une époque que l’on souhaiterait un peu plus tendre, ou peut-être de ces sixties de Bill Evans, que certains auraient sans doute aimé mieux connaître. Bonne nostalgie, au final, celle qui rend à l’hiver toute son étrangeté et qui vous donne envie de sauter dans un bain d’eau glacée, aussi frileux que vous soyez. Pas emballés par cette dernière idée un peu brutale ? Pas d’inquiétude. Aucune envie de bousculer votre feeling blue hivernal, ce petit cafard pour mélomanes ténébreux concernés. Cet album comme tout bon album laisse discrètement passer au vert la mélancolie bleue. Et là, on est bien. Quoi qu’il en soit, calés dans l’esprit de Blue in Green. Hivernal et très vivant.
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