On l’aura lu, lu et revu, cet argument du paysage en matière de promo du jazz actuel. Au point de rendre cette idée vague, néfaste et un peu vide. Jamais terrible les paysages vides ou désolés. Mais, là, avec A Very Big Lunch, on est loin de l’être, désolé. Après Prévert et d’autres monstres persos, Papanosh is back, et sur le back de Jim Harrison. Et l’écrivain des hautes plaines américaines a bon dos dans ce comeback. Les 8 tracks du disque rhabillent les festins nus, dessinent des courbes d’une souplesse déroutantes, le Ghomari entêté sur Nord Michigan, et font la nique à l’aquarelle. C’est bien. Souvent un peu pénible, l’aquarelle. Le désir s’y dilue trop vite. Là, les traits sont vifs, voire vigoureux, Westward Ho est son groove impérieux et cinétique. Le dessein est autre. Celui d’emplir les diagonales et les grands espaces d’un cri d’amour long comme un jour sans fin, Chien Brun, pas loin de ceux hurlés à la lune par la petite bande de John Lurie. Tiens, on se rappelle ici la présence de Nathanson sur Home Songs (20218). Ce qu’il y en plus dans ce Lunch, c’est une forme d’impatience lyrique, d’intranquillité élégiaque, Un Bon jour pour mourir, où Sébastien Palis (piano, composition), Raphaël Quenehen (saxophones), Quentin Ghomari (trompettes), Thibault Cellier (contrebasse) et Jérémie Piazza (batterie) résolvent une partie des histoires de ce disque dans un fracas rapide et acéré comme une lame posée sur le cou d’un Saint. Ce disque est brutal, naïf et ouvert. Ce disque est très bon.

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Guillaume Malvoisin
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Label Vibrant : Bandcamp