les disques du mois

OK podium

sept. 24

par la rédaction de PointBreak

Rare Birds / Orchestre Incandescent

Pomme de Terre

Wamono A to Z presents: “Blow Up” Trio
Japanese Rare Groove from the Trio Records vaults 1973-1981 (Selected by Chintam) 
— 180g

Oubliez Dark Side Of The Moon, pour régler votre set Hi-Fi. C’est ce nouvel opus de la série Wamomo qu’il vous faut. Plus que régler, ce sera sans doute dérégler. Votre quotidien, vos appareils, votre cycle de sommeil. Chintam est allé mettre les deux mains dans les coffres du label nippon Trio Records, fondé par Kenwood en 1969. Outre la musique qui annonce tout ce qui peut assurer les délices d’un DJ/Digger d’aujourd’hui, le son plaide coupable pour sa qualité. Presqu’au-delà des prods habituelles du label, pourtant rarement en reste sur le sujet.

— gm

Winter Family — On Beautiful Days

— Murailles Music / Sub Rosa / Hublotone

Matières délicates, celles que manipule Winter Family. Family toujours un peu posée au bord des limites. De genre, de style, de répertoire. Reste que l’exigence qui pourrait constituer la colonne dorsale de leurs travaux théâtraux, performatifs et musicaux ne faiblit pas. Plus lumineux que d’hab, ce On Beautiful Days. Normal, au vu du titre diriez-vous. Oui mais les histoires qui parcourent ce très beau disque, vont aussi taper dans l’épaisseur, dans le vécu de ses géniteurs. Dense, têtue, joyeux sur le tâcle comme sur le petit pont. Posé, impatient. Délicat. Soit.

— gm

Cyril Cyril et le Syndicat du futur — La Météo
— Bongo Joe

Faussement naïf, vraiment amusé, ce 45t. Calé entre un concert et une session d’enregistrement, Cyril Yeterian et Cyril Bondi ont pris la pause. Café, ping-pong et garde d’enfants. Jeannot, Zoé, Marilou, Marlowe et Lénaïs font les loulous sur les deux faces de ce disque où l’apocalypse climatique est conjurée avec un simple K-Way, les routines du quotidien embouties avec l’absurdité comme arme ultra-efficace. C’est foutu, l’ennui est mouru, le pouvoir est à ce syndicat du renouveau. Camarade, le turfu est devant toi.

— gm

Rockin’ Dopsie Jr and the Zydeco Twisters — More Fun With Rockin’ Dopsie Jr and the Zydeco Twisters — ATO Records

À la croisée des influences acadiennes – francophones de NOLA -, créoles noirs et afro-caribéennes, le zydeco nouvelle-orléanais a son instrument maître, l’accordéon. Descendants de la lignée du grand accordéoniste Rockin Dopsie, le fils et la fratrie livrent dans ce More fun des classiques du genre : R&B (Ooh Woo Wo), balades langoureuses (I’m Coming Home, clin d’oeil au padre) et musiques créoles (Ma ‘Tite Fille). Ça sent fort le juke joint du bayou et la soul de Crescent City.

— llt

Noël Akchoté, Philippe Deschepper — MMXXIV AD

— Ayler Records

Outre la malice de placer son Introduction au centre de cet album, le duo Akchoté/Deschepper a d’autres vertus. D’abord la patience, ce MMXXIV AD a attendu 30 ans, plus quelques péripéties et délais de dernière minute, pour être mis sur bande. Cette patience, vertu des grands sages, joue dans chaque titre avec un bonheur aussi sensible que flagrant. Avec une maestria, inutile à préciser, les deux guitaristes dialoguent au sujet de grands maîtres, Motian, Ornette, Steve Swallow, Henri Texier, joutent de concert, sans banderilles mais avec une douceur consolatrice.

— gm

Muddy Gurdy — Seven
— Buda Musique/Socadisc

Et Muddy Gurdy termina son triptyque. Passé déjà deux fois par le Mississippi, pour Hypnotic Wheels (2018) et Homecoming (2021), le trio mené par Tia Gouttebel s’attaque à la Louisiane dans ce Seven. Répertoire cajun (Jambalaya), swamp pop (I Got Loaded), et blues. Même recette : enregistrement outre-atlantique, avec son panel d’invité·es et de lieux locaux. Et cette viole de gambe qui teinte la musique africaine-américaine de son petit grain auvergnat.

— llt

Katy J Pearson — Someday, Now
— Heavenly Recordings

Ronde et aguicheuse. La basse qui ouvre Save Me, deuxième track du nouveau disque de Katy J Pearson, suffit à lever tout paradoxe contenu dans l’album entier. Someday, Now, c’est une série de prières païennes et amoureuses. Le désespoir y trempe dans l’eau de fleur d’oranger, la noirceur a les volets grands ouvert. Someday, Now, c’est pour chaque jour. Deux doses le matin, au choix pour le reste de la journée. Electro craftée, choix imparables, attitude et chic gallois. La fin de siècle est en avance, carrément confiante.

— gm

Rare Birds / Orchestre Incandescent

Orchestre Incandescent — Rare Birds

— Yolk Records

Avec Rare Birds, le disque, on passe du clair-obscur de la version live à cette obscure clarté chère aux poètes·ses. La différence peut sembler infime mais elle rapproche de son sujet l’Orchestre incandescent, conduit par Sylvaine Hélary : la parole recluse et ouverte prise aux bouches d’Emily Dickinson et de PJ Harvey. Les miniatures dickinsonniennes sonnent pleines de frénésie empêchée et de ruptures immobiles, éthérées sans jamais disparaitre dans la masse instrumentale, tout concourt à rendre cette obscurité brillante.

— gm

Rare Birds / Orchestre Incandescent

La Sido — Filles de vague ou de ruisseau
— autoproduction, en collaboration avec La Roue Voilée

Pour tout bagage, ils ont vingt six ans désormais. Après Léo Ferré et Boris Vian, en 2018, La Sido continue de remuer son héritage pris à la chanson française. Barbara, Colette Magny et Anne Sylvestre. Le travail d’arrangement de Pierre-Antoine Savoyat sublime, dans cette petite et jeune clique, le répertoire de ces grandes dames. Triplement, sensible (Une sorcière comme les autres), facétieux (Trop tard pour être une star) et grave (Les Tuileries).

— llt

Pomme de Terre

Pomme de terre — Live à Poitiers
— autoproduction, en collaboration avec Jazz à Poitiers

Tendu vers le cosmos, pas mal pour un tubercule. La majorité de ce qui fait le sel d’un live de Pomme de terre est resté steady, sans limite, au cœur du maelström supersonique qu’il se sera évertué à créer. Free-bop ultra-rapide, drumming défriché à la machette, illusions sonores (assauts telluriques d’une contrebasse foutrement absente) et, gentiment aperçue aux alentours de la huitième minute, une petite grille funk sans amidon. Quelques-unes des bonnes raisons d’écouter ad lib cette partie 1 et d’attendre les parties 2 et 3.

— gm

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