des nouvelles de la New Orléans
Lola Reynaerts et Eric Doidy sortent New Orleans cette semaine, chez Le Mot et le Reste. De quoi voir naître le jazz à petits bouillons et le voir grandir à grandes rasades de groove divers. Revue de 264 pages inventaires.
Dr John © Getty Images
Une ville, la Nouvelle-Orléans ? Un continent, plus sûrement. Une ville-monde pour le moins, assise sur ses deux mamelles. La cuisine et la musique. Deux magister traités par la même devise : mélanger, attendre puis déguster. New Orleans, livre-inventaire sorti aujourd’hui même aux éditions du Mot et Le Reste, laisse de côté la première discipline pour rendre un hommage déférent et appuyé à la seconde. En images et en quelques lignes. Mettre le melting-pot magico-magistral né des rues et des bars de la ville en 264 pages était un pari risqué. Pas de liberté d’être exhaustif, pas le loisir de se plonger dans les petits bouillons d’une culture qui a irrigué le monde davantage qu’on ne pourrait l’imaginer. Mais le propos de Lola Reynaerts et d’Eric Doidy est ailleurs. La vérité de ce bouquin aussi. La plume du premier, on la connait bien dans la maison PointBreak, on avait dévoré Going Down South. Rendons la politesse qui lui convient. Habile, drôle, cursive sans jamais se laisser devenir lénifiante, elle raconte. Dans la brillante analyse d’introduction, comme dans les notices réservées à la centaine de disques scrutés. Dont ceux, parfaits, de Dr John, Donald Harrison, Nicholas Payton ou encore d’un des rois nombreux sur une superficie qui en compte des dizaine, King Floyd. Liste réduite et subjective, sans aucun scrupule.
« À lire, à relire
et à re-relire,
le temps de cuisson
d’un gumbo. »
Professor Longhair © DR
Le reste de l’ouvrage est l’avenant. Monsieur Doidy a l’analyse assurée, sociolgue oblige, mais également l’anecdote sensible. Se reporter ad libitum à celle qui ouvre l’introduction, c’est un régal. On parlait de cuisine, plus haut. Le « boogaloo foutraque » décrit par un Ahmet Ertegün, boss des disques Atlantic, dépité par ce que lui déposent trois musiciens revenus de Louisiane, est à lui seul une raison pour acheter ce livre. Il y en a mille autres, bien entendu, allons allons. Dont les photos magnifiques de Lola Reynaerts qui ramène la Nouvelle-Orléans, à ses sursauts, à ses frémissements vivaces et définitivement immortels. À lire, à relire et à re-relire, le temps d’une cuisson de gumbo.
D’autres chroniques de livre pourraient également vous intéresser.
C’est par ici.