Meredith Monk, l’art de vivre
Entre Meredith Monk et Jean-Louis Tallon, c’est bien ficelé. Ce livre est le recueil d’entretiens qui vont et viennent entre introspection personnelle et déclaration artistique. Le bouquin est sorti le 20 janvier chez Le Mot et le Reste.
Meredith Monk pour Clockwise © Julieta Cervantes
La grande quête de vérité de Meredith Monk fait son chemin. Toujours plus loin. Toujours plus près. Ce livre de plus de 230 pages sortira ce jeudi 20 janvier 2022, pour une lecture attentive mais bien sereine. Emplie de compassion, illuminée. L’ouvrage retrace une vie artistique et profondément personnelle, à la poursuite d’authenticité. La réponse se trouve-t-elle dans ce livre ? Peut-être.
Composition en deux temps. Deux périodes d’échanges. La première en 2014, la deuxième, environ six ans plus tard, en 2020. So much to say. Meredith Monk, une voix mystique – Entretiens avec Jean-Louis Tallon remémore le travail de Meredith Monk depuis ses débuts, au milieu des années soixante. De ses œuvres, bien-sûr, mais aussi de tout ce qui gravite autour dans une seule vie. Entre quotidien, famille, amis, centres d’intérêts. Et croyances, même. Tout est prétexte à la création, évidemment. De 16 Millimeters Earrings à Indra’s Net, en passant par le bouddhisme. Le rapport ? Dépasser la production artistique.
— Meredith Monk dans Q2 Spaces (2014) © Julieta Cervantes
« Parce que Meredith Monk, c’est aussi un principe de vie débordant d’engagements.»
Ce recueil, édité chez Le Mot et Le Reste, réduit l’espace qui nous séparent, nous, public, d’elle, artiste. C’est bien connu, pour mieux voir, il faut se rapprocher. Et ça, Jean-Louis Tallon l’a bien compris. On a entre les mains une philosophie de vie. Dont découle indubitablement la création artistique. Parce que Meredith Monk, c’est aussi un principe de vie débordant d’engagements. Évoquant, à plusieurs reprises, de grandes questions sociales et sociétales de notre époque. Éternellement sensible, aucun doute possible : elles sont le cœur de ses intentions. Presque comme un devoir. Magnifique. Qu’il s’agisse de féminisme, d’écologie ou de pacifisme, pour ne citer que celles-ci. Des relations. Humaines, mais pas que.
Avec pour domaine de prédilection la voix, elle travaille avec danseurs, musiciens, orchestres. Danses et chants priment. Et voix ne signifie pas langage car, spoiler alert, les mots restreignent le message. On vise l’expression la plus naturelle. Ce truc si intuitif qu’on le sent sans y penser. Une dimension spirituelle et cosmique plane. Complètement mystique. Il y a, avec Meredith Monk, un sentiment qui rassure profondément. Peut-être que c’est cette perspective primaire, vouloir se rapprocher de l’originel. Et peut-être que c’est parce qu’il nous est familier finalement, ce sentiment. Presque inné, quoi. L’organisme, dans tous les sens qu’on peut lui accorder à ce mot, est au centre de chaque œuvre. Mais pas seulement. Au centre de tout. Comme le soleil au milieu du système. Un sujet remué autant que possible par l’art total que cultive cette créatrice multidisciplinaire. Parce que corps et musique ne suffisent pas à communiquer, lieux, costumes ou encore projections sont autant des parties de la pièce. Un tout formé par chacune de ces cellules. Toutes essentielles.
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Orane Mignotte
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