Péniche Cancale, Dijon. samedi 12 octobre 2019

Facteur Sauvage, en 2019, c’est Bayou-bahia et autres gumbo-glouglou. Avec leur troisième album, le répertoire du trio s’est durci sur le noise (à prononcer avec l’accent du deep south, ndlr), a vu ses récits s’alanguir et sa musique se vautrer dans la densité et l’épaisseur sonore. Enfin pas toujours. Parfois le Facteur s’occupe à des cahots de proto-soul, à des faux rebonds de quasi-jazz. Alors, il peuple ses balades frelatées de trompe-la-mort comme ce Willy Wolf, l’homme qui, dit-on, va mourir en sautant des ponts. Un concert du Facteur est une anomalie revendiquée, un entresort forain fait de sang noirci, d’os rongés et d’âmes remuées de tourbillons d’infamies.
Pour ce set, à la Péniche Cancale, les trois sauvages ont imposé leurs blues pas droits. Avec du sang sur les mains, des hommes-télévisions et de grands sauts dans le vide. De quoi retomber sur ses pieds, là où les fossés grouillent de flotte, de lenteurs douloureuses et de sujets borgnes. Le 12 octobre 2019, à Dijon, le temps était moite comme le stupre, mat comme le sucre, un jour de pluie.

FACTEUR SAUVAGE.
Laurent Paris, batterie préparée
Mathieu Sourisseau, guitare basse
Daniel Scalliet, voix

production Freddy Morezon,
captation réalisée en partenariat avec Radio Dijon Campus.
Merci à Cyril ‘Spud’ Petit. Photo FS © Claire Hugonnet