le cinema
de pointbreak

Du jazz, du rap, de la funk et du cinéma. On adore quand ça cohabite, débat ou fait chambre à part. Voici une sélection de la rédaction où l’image sort du cadre, où la musique se la joue hors-mesure. Complètement subjectif. Jamais chronologique. Mais tout à fait recommandable.

page 1

page 2

Flic ou voyou

Collateral

The Aristocats

La Rabatteuse

The Pink Panther

Shadows

Anatomy Of A Murder

À Bout de souffle

The Connection

Bullit

Autour de Minuit

Bird

Mo’ Better Blues

Ray

Whiplash

Who Framed Roger Rabbit

The Blues Brothers

The Mask

Flic ou Voyou

1979 – Georges Lautner
musique de Philippe Sarde

Avec ce Lautner de menue facture, Bebel verse définitivement dans sa période Toc toc badaboum et jolie cylindrées. Ça pirouette, ça scande, ça faribole. C’est goûtu mais c’est Philippe Sarde qui emporte la mise avec une B.O. ultra courte mais carénée comme un coupé Jaguar piloté par Chet Baker, Maurice Vander, Hubert Laws, Hubert Rostaing, Billy Cobham, Ron Carter et Larry Coryell. Un petit All-Star à la française.

collateral

2004 – Michael Mann
musique, sources diverses

Peut-être Michael Mann à son sommet. Fiction à l’épure impressionnante, montage des images musical au possible, libre de toute contrainte. Précédant l’action, survolant son sujet et rendant au jazz blues une forme de hargne mélancolique parfaite. l’OST est, comme d’habitude, multiple, montée au cordeau. On y trouve ce Spanish Key sortie par Mann du Bitches Brew de Miles Davis. Hargneux, mélancolique lui aussi.

the aristocats

1970 – Walt Disney
musique de George Bruns

Disney, la légende des bad guys attachés au jazz par leurs méfaits et leur côté canaille. Hollywood aura fait son beurre là-dessus, Walt le calculateur aussi, à titre posthume en fait. Mais ses ‘cats’ se roulent dans le plaisir et la luxure de la syncope. C’est bon. C’est aussi bourré de double-sens propre à l’argot du jazz et du blues. “If you want to turn me on / Play your horn and don’t spare the tone“, feule Duchesse. Pas mieux.

la rabatteuse

La rabateuse, Le disque de culte de Brigitte Lahaie

1978 – Claude Bernard-Aubert
musique de Alain Goraguer (aka Paul Vernon)

Époque bénie pour le porno des années 70 en France, avec la meneuse de revue idolâtrée qu’est Brigitte Lahaie. Sans doute même un premier prototype de female gaze. Un truc encore artisanal, avec du scénar qui tient debout, lui aussi. Et des musiques commandées à des arrangeurs de génie. Ici, c’est Alain Goraguer, exégète d’un jazz moderniste, pas hâbleur pour un sou et délicieusement fondant en bouche.

the pink panther

1963 – Blake Edwards
musique de Henry Mancini

Idéologie classique. Inspecteur en long trench beige très peu discret. Classic shit, tout le monde connait ça. Et une célèbre bande originale, simple mais pas simpliste. Un des cadors des musiques de films de l’époque frappe fort. Henry Mancini crée un thème musical très kitsch, un truc qui rythmera à jamais, et malgré vous, votre démarche.

shadows

1959 – John Cassavetes
musique de Charles Mingus

Benny, Hugh et Lélia sont frères et sœur. Ils habitent à New York et dans le même appartement. Cassavetes les filme au plus près de leurs rêves de gloire, de reconnaissance et de carrières artistiques. Mingus joue lui aussi. Perso, comme d’hab. Immense, inventif et complexe.

anatomy
of a murder

1959 – Otto Preminger
musique de Duke Ellington

Paul Biegler est avocat. Frederik Manion un lieutement de l’Armée. impliqué dans le meurtre de l’homme qui a violé sa femme. Procès. Vérité ? Sans doute davantage dans la BO de Duke, tendue et tranchante, que dans la résolution du film de Preminger. Limite désabusé.

a bout
de souffle

1960 – Jean-Luc Godard
musique de Martial Solal

Michel Poiccard est, comme son nom l’indique presque, malchanceux. Son insolence met à mort un motard et ne peut rien face à Patricia, vendeuse du Herald à Paris. Alors Poiccard fuit avec elle et ce qui lui reste de souffle libertaire. Solal habille ça d’un jazz déjà dépassé mais carrément puissant.

the
connection

1962 – Shirley Clark
musique de Freddie Redd

De faux drogués jouant de vrais drogués. Des vrais musiciens toxicos jouants de toxicos répétant sous l’œil d’un faux réal jouant un vrai cinéaste. C’est simple. C’est The Connection, un petit bijou pervers et risqué affrontant l’ennui, l’attente de jours meilleurs et l’urgence qu’il y a vivre. Le jazz qui s’y joue vous vrille les viscères en moins de deux.

bullit

1968 – Peter Yates
musique de Lalo Schifrin

Franck Bullitt est un policier qui protège un gangster. Fiasco, forcément. Le gangster meurt et les V8 se mettent à ronfler. Lalo Schifrin ne dort pas lui, et vient même sauver une course poursuite grâce à une BO pleine de cuivres insalubres et de secousses magistrales. Maestria.

autour de
minuit

1986 – Bertrand Tavernier 
musique de Herbie Hancock

Tavernier, fieffé cinéphile, fait son Amérique et se paie le luxe de traquer Bud Powell avec la peau de Dexter Gordon. C’est beau à pleurer, cette déambulation bancale dans les rue d’un Paris où titube même Eddy Mitchell. Beau, beau et drôle à la fois.

bird

1988 – Clint Eastwood
musique de Charlie Parker

Eastwood adore le blues. Alors, il fait comme les bluesman. Il reprend des trucs connus pour les arranger à sa sauce. Ici, c’est le portrait de Charlie Parker qui est arrangé. Et Clint de balancer ses obsessions chez les jazzmen. Violence à résoudre, humanité à révéler et cette bonne vieille de faire du sens à plusieurs.

mo’ better
blues

1991 – Spike Lee
musique de Terence Blanchard, Bill Lee

Bleek Gilliam est un jazzman. Qui joue bien, beaucoup et sans doute trop. Sans voir qu’il va glisser le long du blues bien noir qui guette chacun de ses comparses musiciens. Spike Lee rend à la culture Noire, une part de ce que l’industrie blanche avait thésauriser. Et Denzel Washington s’invite en doublure deluxe de Terence Blanchard et des frangins Marsalis. Got the Blues ? Voyez ceci.

ray

2004 – Taylor Hackford
musique de Ray Charles

Ray, c’est un biopic. Ça parle de Ray. De Ray Charles même. Jaimie Foxx en livre un égoïste et queutard. Avançant contre le monde et contre lui-même, jusqu’à le monde le rattrape. C’est vintage, bien foutu. C’est joué au cordeau. Pas mal pour un biopic.

whiplash

2014 – Damien Chazelle
musique de Justin Hurwitz et Tim Simonec
Cruel, compétitif, sanglant, le duo, Terence Fletcher, professeur tyrannique et Andrew, élève ambitieux et perfectionniste. Le môme rêve de devenir le meilleur batteur de jazz de sa génération, un rêve à vous filer des frissons. Whiplash ça s’arrête et ça recommence, avec ce “not my tempo” qui pourrait vous rendre fou.

Who Framed
Roger Rabbit

1988 – Robert Zemeckis
musique de Alan Silvestri

La température monte dans la salle. Roger, le lapin toon, engage Eddie Valiant, détective privé très réél mais pas très adroit. Sa femme le tromperait. Entrée de la dame. Vêtue d’une seule robe étincelante révélant ses courbes généreuses, Jessica fait son show et c’est chaud. Gestes maîtrisés et abus de confiance. Calée sur un piano et une contrebasse, sa voix suave et sensuelle répète Why Don’t You Do Right. Alors, Detective Bob Hoskins, un truc à dire ? On dirait que le sens de votre mission s’est évaporé.

The Blues Brothers

1980 – John Landis
musique de Elmer Bernstein

Chaussures noires pour chaussettes blanches. Deux frangins sont sur la jante. Jake et Eliot Blues sont en vadrouille. Classes, costumes et chapeaux, absurdes, aussi. Emphase de la catastrophe rythmée au R’n’B. Aretha Franklin, James Brown, John Lee Hooker et, notre fav, Cab Calloway, grand-padre amuseur des deux frères Blues. Road trip serré, faussement serein, ce film joint l’art des boums de collège à la contre-culture US.

The Mask

1994 – Chuck Russel
musique de Randy Edelman

Langue qui pend, yeux qui sortent des orbites, battements du cœur et fracture de poitrine. Claro, on est du côté Tex Avery de la force. C’est The Mask et Jim Carrey est raide dingo de Cameron Diaz, acharnée dans son numéro de belle gosse blonde. Dans son zoot suit XXL, Carrey se balance sur Hey Pachuco! et danse le lindy hop. Cab Calloway, ici encore. À croire que l’entertainer majeur du jazz est tombé des comics de fin de page des journaux. À croire que Jim Carrey, homme caoutchouc, est tombé du jazz pour libérer une partie du ciné de divertissement.

Share This