Line-up
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Ann O’ARO — chant
Marcel BALBONÉ — chant, percussions, konnî
Quentin BIARDEAU — saxophone ténor, synthétiseurs
Valentin CECCALDI — basse
« Lagon Nwar, on y vient à pied. On arrive là de loin. Lagon Nwar, c’est au milieu. Entre Saint-Paul sur l’île de la Réunion, Orléans, Ouagadougou et Paris. Lagon Nwar, c’est un endroit où on se raconte. Intensément. Sans pudeur. En créole. En bissa. En français. En mooré. »
Sans pudeur, indeed. On sait le goût de la langue d’Ann O’aro. Un goût qu’elle qualifie et qu’elle apprécie délicieusement « mouillé ». Et dans les fluides souvent se révèlent d’étranges vérités fugaces. Mais intenses. Ici, dans ce Lagon Nwar, où le maloya roulent dans bien d’autres eaux, résident milles vérités. Des vérités d’Histoire, brutes et brutales, histoire de remettre quelques pendules dans le bon sens de la marche. Des vérités de nous-autres, aussi, humains en transit. Comment fait-on pour joindre à la sensualité nécessaire la lucidité utile pour ne pas se résigner, sourire et avancer, toujours un peu plus. Ici, c’est le cri de Marcel Balboné sur Zaanbar. Là, c’est les claviers pointilleux de Quentin Biardeau, au sax par ailleurs, sur Furi. Ici encore, c’est la basse ronde et impavide sur ce petit bijou grimaçant qu’est Liberté Connaître Oblige. Visite radicale, noire d’humour et claire d’intentions. Vous voulez danser ? Pas de problème, c’est possible. Sachez que les danses livrées avec ce disque par le quartet dont les racines ont puisé dans un joli paquet de réussites sur les scènes de musiques improvisées et actuelles, sachez que les danses de ce disque ont toujours un prix. Celui de connaître, et d’entendre. Partout, ce sont les mots fracassés et agencés comme mosaïques au soleil. Avec le besoin d’en laisser briller les facettes. Lagon Nwar, le groupe connaît par cœur ses détours et recours, Lagon Nwar, le disque est frontal, douloureux et généreux côté hanches. « Face à face, on vit sa vie », y entend-on.