Line-up
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Uri Brauner Kinrot : guitares, basses, synthés, percussions
Yuval Garin : batterie (Sufa, Layla, Kapaim)
Depuis dix ans, Ouzo Bazooka trace son chemin quelque part entre rock psyché, funk patiné et sons glanés autour de la Méditerranée. Avec Kapaim, cinquième album, Uri Brauner Kinrot choisit de revenir à un format resserré : pas d’invités en cascade, pas de production clinquante. Un disque façonné quasi seul, dans son studio d’Eilat, en mode artisan — instruments, machines, du temps et une belle envie de creuser le sillon. Dès Asia, le décor se pose. Une basse obstinée, des nappes de synthé en retrait, une batterie minimale. La tension est là, le climat s’installe sans esbroufe. Et surtout, l’espace sonore respire : pas de surcharge, juste le bon grain. Le morceau-titre Kapaim creuse une autre veine : la basse tourne en boucle, la guitare taille des lignes un brin dissonantes, entre Anatolian rock et funk délavé. Pas d’effet facile ni de crescendo forcé : c’est tenu, précis, addictif. On sent que Kinrot joue au plus juste, avec plaisir. Sur Seed, petite bifurcation : une voix discrète, murmurée, vient ponctuer le morceau — unique intervention vocale du disque. Le titre flirte avec le hip hop instrumental, tout en conservant cette texture un peu râpeuse qui court sur tout l’album. La suite décline cette approche par variations. Les rythmiques se font nerveuses (Sufa, Abbatoda), les guitares alternent entre riffs serrés et motifs plus aériens. Ce qui frappe surtout, c’est la manière d’éviter les clichés : pas de folklore de pacotille, pas de démonstration world en kit. Juste un travail de fond sur les timbres, sur le groove, sur les vides. Le contexte donne évidemment une autre portée à l’ensemble. Proposer aujourd’hui en Israël un disque traversé de sonorités turques, arabes, méditerranéennes, sans clin d’œil forcé ni folklore figé, c’est un geste en soi.