Jazzdor 2021,
2 reviews

textes © guillaume malvoisin / photos © Adrien BerthetJazzdor

Jazzdor Koma Saxo © Adrien Berthet
Jazzdor © Helmo
Jazzdor Kaiju © Adrien Berthet
Jazzdor Koma Saxo © Adrien Berthet

kaiju eats
cheeburgers

Manuel Hermia sax
Sylvain Darrifourcq batterie
Valentin Ceccaldi violoncelle

Ce Kaijū est du calibre Minimal Monsta. C’est sournois, tout se joue sous la surface et c’est bourré d’abstract vibes et de groove vénéneux. Le trio formé par Manu Hermia, Valentin Ceccaldi et Sylvain Darrifourcq tape dans le gras et dans la culture pop du jazz. Coltrane a les muscles du roi Kong, Ayler fout le feu à la baraque du DieuZilla. Entre deux déflagrations, ça gueule terrible, et ça a une gueule terrible. Ceccaldi charbonne et cisaille son violoncelle avec la même rogne ardente que celle de Darrifourcq poussant le braquet de sa batterie, ponctuant comme un soufflant, tenant l’ostinato. C’est pété de tsunamis miniatures, de tempêtes majuscules. Bref ça hurle joliment. Dans une précision qui n’est pas la moindre des qualités du trio. Les idées circulent avec délicatesse, sous les surfaces d’un son brut, climax sonores et phases assagies compris. « C’est cru » comme dirait le saxophoniste belge. La tension pilotée par Manu Hermia, jamais vraiment en leadership d’ailleurs, fournit ce qu’il faut de vivacité. Au sens où les idées poussent plus vite que les dents dans la petite gueule d’un nouveau-né. C’est beau de voir un Kaijū sortir des flots, la bouche ouverte. Même pour aller se goinfrer de cheeseburgers à Hollywood.

« On va commencer conventionnel puis après on se casse sur d’autres territoires » ainsi parle Peter Eldh. Complètement boppyswing l’entame de set du quintet où le contrebassiste suédois officie. Enfin très peu boppy, très court car après ça se barre très vite, effectivement, sur une formule hard, sans stomp mais avec le déhanché d’une formule 1 à Spa-Francorchamps. Full aguicheuse, prompte à se barrer après chaque clin d’œil. Mais attention Koma Saxo ne joue pas sa petite allumeuse, le quintet place son quinté dans le bon ordre. Et sans faillir sur la durée du set. Mash-up réglos, jeux d’accord renversés à la Coltrane, chansons traditionnelles, huîtres suédoises et foreplay royaux. Les trois sax, les deux ténors et le  doublé soprano/alto jouent bien plus que les fanfares à boxon. Hijacking d’héritage et inventions parfaites, ce jazz est furieusement libre et mutin dans tous les sens du mot. Se pose-t-il sur la rythmique bg de la paire Lillinger/Eldh qu’il se dresse alors sûr et sur ses ergots. Plein d’une frime hâbleuse, un peu escroc et carrément généreux. Koma Saxo, c’est la pulse des contraires. Contrebasse totémique contre vents d’indiscipline, batterie autonome chargée à full. L’interplay scandino-teutonique va sans réfléchir et reflète l’air du temps. Rageur, frondeur et plein d’un désir de repos lascif en bonne compagnie.

koma saxo

Petter Eldh contrebasse
Christian Lillinger batterie
Mikko Innanen sax
Jonas Kullhammar sax tenor
Otis Sandsjö sax tenor

Jazzdor Kaiju © Adrien Berthet
Jazzdor Koma Saxo © Adrien Berthet
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